Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/17

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Comment une idée peut-elle produire un mouvement ? C’est là une question qui embarrassait fort l’ancienne psychologie, mais qui devient simple, quand on considère les faits dans leur vraie nature. C’est une vérité maintenant courante dans la physiologie cérébrale que la base anatomique de tous nos états mentaux comprend à la fois des éléments moteurs et des éléments sensitifs. Je n’insisterai pas sur une question qui a été traitée ailleurs en détail[1] et qui entraînerait une digression. Rappelons simplement que nos perceptions, en particulier les importantes, celles de la vue et du toucher, impliquent à titre d’éléments intégrants des mouvements de l’œil ou des membres ; et que si, lorsque nous voyons réellement un objet, le mouvement est un élément essentiel, il doit jouer le même rôle, quand nous voyons l’objet idéalement. Les images et les idées, même abstraites, supposent un substratum anatomique dans lequel les mouvements sont représentés en une mesure quelconque.

Il est vrai que, en serrant la question de plus près, on pourrait dire qu’il faut distinguer deux espèces d’éléments moteurs : ceux qui servent à constituer un état de conscience, et ceux qui servent à le dépenser ; les uns intrinsèques, les

  1. Revue philosophique, octobre 1879, p. 371 et suiv.