Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/30

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Si nous appliquons ces considérations générales à notre cas particulier, que voyons-nous ? L’état de conscience primitif (colère) a évoqué des états antagonistes qui varient nécessairement d’un homme à un autre : idée du devoir, crainte de Dieu, de l’opinion, des lois, des conséquences funestes, etc. Il s’est produit par là un deuxième centre d’action, c’est-à-dire, en termes physiologiques, une dérivation de l’afflux nerveux, un appauvrissement du premier état au profit du second. Cette dérivation est-elle suffisante pour rétablir l’équilibre ? L’événement seul donne la réponse.

Mais, quand l’arrêt se produit, il n’est jamais que relatif, et son seul résultat est d’aboutir à une moindre action. Ce qui reste de l’impulsion primitive se dépense comme il peut, par des gestes à demi contenus, des troubles dans les viscères ou par quelque dérivation artificielle, comme ce soldat qui, pendant qu’on le fusillait, mâchait une balle pour ne pas crier. Très peu sont assez bien doués par la nature et façonnés par l’habitude pour réduire les réflexes à des mouvements imperceptibles.

Cette dérivation de l’influx nerveux n’est donc pas un fait primitif, mais un état de formation secondaire, constitué aux dépens du premier par le moyen d’une association.

Remarquons encore que, outre la naissance