Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/39

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moment la personne, le moi, il y a convenance, analogie de nature, affinité ? C’est la seule explication possible du choix, à moins d’admettre qu’il est sans cause. On me propose de tuer un ami : cette tendance est repoussée avec horreur, exclue ; c’est-à-dire qu’elle est en contradiction avec mes autres tendances et sentiments, qu’il n’y a aucune association possible entre elle et eux et que par là même elle est annihilée.

Chez le criminel, au contraire, entre la représentation de l’assassinat et les sentiments de haine ou de cupidité, un lien de convenance, c’est-à-dire d’analogie, s’établit ; il est par suite choisi, affirmé comme devant être. Considérée comme état de conscience, la volition n’est donc rien de plus qu’une affirmation (ou une négation). Elle est analogue au jugement, avec cette différence que l’un exprime un rapport de convenance (ou de disconvenance) entre des idées ; l’autre les mêmes rapports entre des tendances ; que l’un est un repos pour l’esprit, l’autre une étape vers l’action ; que l’un est une acquisition, l’autre une aliénation ; car l’intelligence est une épargne et la volonté une dépense. Mais la volition, par elle-même, à titre d’état de conscience, n’a pas plus d’efficacité pour produire un acte que le jugement pour produire la vérité. L’efficacité vient d’ailleurs.