Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est comparable à un animal décapité ou tout au moins privé de ses lobes cérébraux. On admet généralement que le cerveau peut dominer les réflexes pour la raison suivante : l’excitation, partant d’un point du corps, se divise à son arrivée dans la moelle et suit deux voies ; elle est transmise au centre réflexe par voie transversale ; au cerveau par voie longitudinale et ascendante. La voie transversale, offrant plus de résistance, la transmission en ce sens exige une assez longue durée (expérience de Rosenthal) ; la transmission en longueur est au contraire beaucoup plus rapide. L’action suspensive du cerveau a donc le temps de se produire et de modérer les réflexes. Dans les cas précités, le cerveau étant sans action, l’activité en reste à son degré inférieur, et, faute de ses conditions nécessaires et suffisantes, la volition ne se produit pas.


II. Les faits du second groupe méritent d’être plus longuement étudiés : ils mettent en lumière la défaite de la volonté ou les moyens artificiels qui la maintiennent. Ici, le malade a pleine conscience de sa situation ; il sent qu’il n’est plus maître de lui-même, qu’il est dominé par une force intérieure, invinciblement poussé à commettre des actes qu’il réprouve. L’intelligence reste suffisamment saine, le délire n’existe que dans les actes.