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REVUE PHILOSOPHIQUE

ment, il y a la collision atomique, qui est l’antécédent invariable et inévitable de la conscience.

La difficulté insoluble : Comment l’esprit et la matière peuvent-ils agir l’un sur l’autre ? n’a pas même lieu d’être posée dans la présente théorie.

L’esprit est un composé de rapports ; mais notre théorie, dit l’auteur, montre très bien comment peuvent se former des rapports ou états complexes. Si l’atome C est au même moment en collision avec A et B, l’état qui en résultera ne sera pas le même que s’il y avait collision avec A et B séparément : on comprend, en compliquant les données, comment peut se former une pénétration réciproque et une complication des états de conscience.

L’auteur montre que sa théorie s’accorde avec l’opinion, généralement admise de nos jours, que nos perceptions ne sont que les signes des choses, et finalement il identifie la conscience avec la force.

Reste une dernière question : Qu’est-ce que la matière ? Nous avons vu que c’est ce quelque chose dont les modifications sont des états de conscience. Mais il faut admettre alors que, dans leur fond, conscience et matière sont identiques ; sans quoi ils ne seraient pas convertibles l’un dans l’autre. « Pour chaque individu, la matière consiste en toutes ces forces (ou états de conscience) qui heurtent (impinge) sa conscience de manière qu’il les réalise comme quelque chose de distinct de lui. »

Hutchison Stirling. Critique des principaux principes de Kante (2 articles). — Cette critique, déjà commencée dans les numéros précédents, est faite d’un point de vue hégélien et s’attaque surtout à la théorie du schématisme, que l’auteur rejette complètement.

J. Watson. Les principes du jugement de Kant. — Fragment d’un ouvrage que l’auteur compte publier prochainement sous le titre de Théorie de la connaissance de Kant. M. Watson combat les conclusions de Stirling. Dans son ouvrage, il se propose de défendre la philosophie critique contre la psychologie empirique et de montrer cependant que la théorie de Kant doit être débarrassée de certaines hypothèses contestables qui en détruisent l’unité.

H.-K. Jones. Esquisses philosophiques, cosmologiques, théologiques et psychologiques. — Travail vague dont nous ne voyons rien à tirer.

G. Spencer Bower. L’élément philosophique dans ; Shelley. — Article intéressant, d’un caractère semi-philosophique, pour montrer que Shelley, après avoir été un disciple du matérialisme français (des encyclopédistes), adopta ensuite une sorte de panthéisme matérialiste et subit finalement l’influence de Berkeley, sans admettre un Dieu personnel (panthéisme idéaliste).

Ces deux numéros contiennent en outre :

Kant. Anthropologie (trad.). — H. Grimm. Raphaël et Michel-Ange (trad.).