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VII. La psychologie pédagogique et l’éthologie. Il ne saurait être douteux pour personne que la pédagogie ne soit qu’une psychologie appliquée. Or, pour être fidèle cette conception, il ne suffit pas de cultiver la psychologie générale toute seule il faut encore faire des recherches spéciales sur le développement mental de l’enfant, comme l’ont fait MM. Taine, Darwin, Kussmaul, Egger, Perez, Ferri, Simonowicz et autres. On devrait aussi appliquer les résultats obtenus pour poser les règles d’un enseignement et d’une éducation exacte. Ce serait un des plus grands mérites du congrès, s’il parvenait à modifier les bases psychologiques erronées, sur lesquelles repose l’organisation des gymnases et des écoles moyennes en général. Les lois psycho-physiologiques y sont violées presque sur tous les points. Partout règne la surcharge du travail, la prépondérance des sciences formelles sur les sciences concrètes, ou bien encore une spécialisation prématurée. On commence par l’abstraction, au lieu de commencer par la sensation ; on procède servilement par des règles, au lieu d’aider et de diriger seulement le développement libre, et l’on apprend trop, pour n’apprendre bien que peu de chose. L’éducation des sens, des sentiments esthétiques et moraux, de l’imagination, y est complètement négligée, et l’on se contente d’avoir forcé l’esprit de l’enfant à suivre une route aussi étroite et pénible qu’éloignée de la vie. En somme, on emploie, pour faire apprendre mille particularités d’érudition, deux fois plus de temps qu’il n’en faut pour apprendre deux fois mieux ce qu’il faut. Et cependant il suffirait de se rappeler les lois connues de la perception, de la formation des idées, de la mémoire, de l’association, pour se rendre compte de ces défauts. Ce n’est pas à dire que le congrès aurait à résoudre les questions de la pédagogie pure et spéciale ; il ne s’agit que d’une discussion des vérités psychologiques essentielles qui s’y rapportent. Et, pour leur prêter plus de solidité, il conviendrait de joindre aux observations citées celles qui concernent la formation et la classification des caractères et des tempéraments. La caractérologie ou l’éthologie ferait donc partie des occupations du congrès ; seulement elle devrait être considérée non dans le sens de J. St. Mill, c’est-à-dire non comme une science déductive, de pure application, mais comme une science inductive, fondée sur des monographies. On peut regretter qu’elle ait été si peu étudiée de nos jours et que l’œuvre de M. Bain n’ait pas eu des continuateurs, si ce n’est dans la Caractérologie pessimiste de Bahnsen.

III. La pathognomonie. Je comprends sous ce nom l’étude des signes externes de nos sentiments, étude fort instructive pour la psychologie générale, parce qu’elle jette beaucoup de lumière sur l’es-