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Falckenberg : Le caractère intelligible : Critique de la théorie kantienne de la liberté (Halle, Pfeffer, 1879). Le but de cette monographie est de présenter dans toute sa rigueur logique la théorie kantienne de la liberté intelligible, en la débarrassant des inconséquences que son auteur n’a pas su éviter. Falckenberg déclare résolument que le déterminisme des faits doit comporter des exceptions, si la liberté est un postulat indiscutable de la raison pratique. Le caractère intelligible ne peut, dans la doctrine de Kant, contenir la raison du caractère empirique ; la liberté morale du premier eu suffit pas à expliquer la nécessité physique du second, On est en droit pourtant de demander à l’auteur si la liberté absolue qu’il revendique pour le caractère intelligible n’introduit pas dans la volonté le pur caprice ou le hasard. D’un autre côté, si le caractère empirique, autrement dit si les imperfections de notre être sensible ne sont pas les effets de notre libre volonté ou de noire caractère intelligible, n’est-on pas condamné à en rejeter sur Dieu la responsabilité ? Le travail de Falckenberg soulève bien des questions sans les résoudre : il a du moins le mérite de faire penser.

Gustav Roskoff : Le sentiment religieux chez les peuples sauvages (Leipzig, Brockhaus, 1880). On connaît la tentative de Lubbock dans son Homme préhistorique pour démontrer que les races primitives sont étrangères à toute religion. Au nom des faits mieux connus ou mieux interprétés, Roskof soutient la thèse contraire. Il est intéressant de suivre dans le détail l’argumentation qu’il oppose à son adversaire.

A. Thilo : Courte histoire pragmatique de la philosophie, (2e édition, en 2 volumes ; Gotha, Schulze, 1880-1881). Thilo s’attache surtout aux doctrines originales, aux auteurs qui ont exercé une influence durable. Il écarte de son travail tout ce qui n’offre pas un intérêt philosophique proprement dit. Ni Xénophon, ni les représentants de la philosophie populaire avant et après Kant ne figurent dans cette histoire. Krause, Schopenhauer n’y sont que mentionnés. Thilo se complaît à retrouver chez les plus anciennes écoles les conceptions qui ont fait la fortune des philosophes modernes : l’idée de la matière sans aucune qualité chez Anaximandre ; du devenir absolu, de la raison inconsciente, de l’identité de la vie et du devenir, chez Héraclite ; le principe de l’identité de l’être et de la pensée, de la finalité immanente, les preuves de l’unité de l’absolu, chez les Eléates ; la réduction de la pensée au mouvement local chez les atomistes ; enfin, chez Platon et Aristote, et surtout chez Plotin, des propositions et des théories qu’on croirait appartenir à l’idéalisme absolu de notre siècle. L’étude consacrée à Herbart, comme au maître de l’avenir, termine et couronne le livre.

Gerhardt : Les écrits philosophiques de Leibniz (4e volume, Berlin, Wedmann, 1880). Après avoir publié la correspondance, Gerhardt nous donne aujourd’hui les écrits philosophiques de Leibniz. La 2e partie du volume contient des opuscules encore inédits et reproduit, mais avec des corrections ou des additions importantes, des écrits déjà publiés. Citons particulièrement les deux lettres aux numéros 3 et 4, et les remarques