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au fait général. Et c’est seulement si l’on vous demandait pourquoi il doit mourir, que vous auriez recours par la pensée ou la parole à l’argument : Tous les hommes doivent mourir, donc M. un tel doit mourir[1], »

Il faut reconnaître que, dans ce débat avec Stuart Mill, c’est M. Spencer qui a raison. Du moins, après avoir posé bien plus nettement et plus résolument que Mill le principe que le raisonnement a affaire uniquement aux choses, M. Spencer suit avec une inflexible rigueur, et sans se laisser effrayer par rien, les conséquences de ce principe. Mais, on le voit, il arrive expressément à supprimer la logique déductive. Et il faut bien qu’il en soit ainsi, si l’on admet le point de vue de l’empirisme ; dans cette doctrine, en effet, il n’y a que des faits isolés, aucune loi générale, aucun principe universel, La pensée, et avec elle la science, se perd dans cet émiettement des choses, dans cette poussière d’éléments que rien ne relie entre eux. Voilà donc le point extrême où conduit la réforme tentée par Stuart Mill au nom de l’empirisme ; c’est non pas la transformation, mais l’anéantissement de la logique déductive.

V. Brochard.
(À suivre.)

  1. Princ. de psych., p. 98-99.