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HERBERT SPENCER. — la société industrielle

encore attachées au non conformisme religieux disparurent, d’abord on abrogea de celles qui frappaient les dissidents protestants, plus tard celles qui pesaient sur les catholiques, enfin celles qui atteignaient les quakers et les juifs. La réforme parlementaire et la réforme municipale firent passer beaucoup de gens de la classe sujette dans la classe gouvernante. L’intervention de l’État dans les affaires commerciales des citoyens diminua par la liberté qui fut accordée au commerce de l’argent, par la permission qui fut donnée de créer des banques par actions, par l’abolition d’innombrables entraves à l’importation des marchandises, dont à la fin quelques-unes seulement furent assujetties payer des droits. Tandis que grâce à ces changements et à d’autres du même genre, tels que la suppression des charges qui entravaient la presse, les empêchements apportés à la liberté des citoyens furent amoindris, et l’action protectrice de l’État augmentée. Un système de police grandement perfectionné, la création de cours de comté, etc., assurèrent mieux la sécurité des personnes et les droits à la propriété.

Nous ne disons rien des États-Unis, pour ne pas charger notre sujet ; nous y verrions la répétition des mêmes relations des phénomènes avec des différences secondaires, et un exemple qui vient parfaitement à l’appui de notre thèse. Au milieu de la complication et de la perturbation des faits, la comparaison nous fait voir avec assez de clarté que, dans les sociétés actuellement existantes, les traits où la déduction nous a montré des caractères du type industriel, se révèlent clairement dans la mesure où les fonctions sociales ont pour principal caractère l’échange de services d’après accord.

Dans le dernier chapitre, nous avons noté les traits du caractère propre aux membres d’une société habituellement en guerre ; notons ici les traits du caractère propre aux membres d’une société occupée exclusivement d’objets pacifiques. Déjà, en traçant les rudiments du type industriel tel qu’il se montre dans certains petits groupes de peuples non belliqueux, nous avons fourni quelques indications sur les qualités personnelles propres à ce type. Il convient d’y insister et d’y ajouter d’autres traits avant de passer à l’observation des qualités personnelles analogues dans les sociétés industrielles plus avancées.

L’absence d’une règle coercitive implique que la société n’impose que de faibles entraves à ses unités ; elle s’accompagne d’un sentiment puissant de liberté individuelle et d’une ferme volonté de la conserver. Les peuplades aimables des Bodos et des Dhimals résistent « aux injonctions déraisonnables avec une obstination indomp-