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notices bibliographiques

Ch. Cuissard. Documents inédits sur Abélard, tirés des manuscrits de Fleury conservés à la Bibliothèque publique d’Orléans. Orléans, 1880. 47 pages in-8o.

Cette notice est divisée en deux parties. Dans la première, l’auteur cherche à établir les points suivants :

1o Cousin s’est trompé en affirmant que le manuscrit du traité De generibus et speciebus qui provient de Saint-Germain-des-Prés est identique avec un autre manuscrit que Oudin attribuait à l’abbaye de Fleury-sur-Loire ;

2o Le manuscrit de Fleury contenant, suivant Oudin, la logique de P. Abélard et celle de Raban Maur, est le même que le manuscrit n° 222 de la Bibliothèque d’Orléans ;

3o Ce manuscrit n° 222 renferme différents traités scolastiques, entre autres un traité De modalibus propositionibus qui doit être attribué à Abélard.

On accordera facilement à l’auteur les deux premiers points, qui pour être établis n’avaient besoin ni de périodes ni de précautions oratoires ; mais sur la troisième thèse on est fort embarrassé, car la thèse elle-même n’est pas nettement exprimée par l’auteur. Si, page 18, on trouve cette phrase : « Notre intention n’est pas de prouver que tous ces traités doivent être attribués à Abélard, car nous trouverions difficilement des arguments sérieux, » on rencontre à la page suivante : « Mais ne serait-il pas possible de prouver que les autres ouvrages sont d’Abélard ? » Puis viennent des arguments qui semblent indiquer seulement que ces traités ont été inspirés par des idées d’Abélard.

L’auteur termine la première partie de son travail en insistant sur les rapports du manuscrit de Fleury et du manuscrit de Saint-Germain : il cherche à prouver qu’ils sont tous les deux de Fleury et émet l’hypothèse que le second manuscrit, transporté de Fleury pour le travail des Bénédictins, aura été laissé par oubli à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés.

Dans la seconde partie, M. Cuissard publie une pièce latine de quatre-vingt-sept vers inspirée évidemment par les malheurs d’Abélard ; elle commence par ces vers :

Mundus decidivus et homo fragilis
Totus in dubio, totus instabilis ;

et finit :

Scilicet he quoque protegerent nec quod decorarent
Que patientes sunt pulveris et pluviæ.

La pièce est extraite du manuscrit 238, Suivent une traduction pour laquelle on désirerait plus de fidélité et un commentaire qui pourrait être plus sobre.

C. H.