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Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 14.djvu/439

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ANALYSES. — H. MUNK. Functionen der Grosshirnrinde.

7o La région du tronc (Rumpfregion). Située en J, elle occupe chez le chien le lobe frontal. Son extirpation bilatérale détermine la paralysie des muscles qui meuvent les vertèbres du dos et des lombes ; si l’extirpation est seulement unilatérale, l’animal à perdu tous les mouvements de la colonne dorso-lombaire qui nécessitent l’emploi unique des muscles du côté opposé à la lésion. L’insensibilité naturelle de la région dorsale chez le chien n’a pas permis d’établir avec une entière certitude les modifications éprouvées par la sensibilité. Chez le singe, les résultats, en ce qui concerne les régions du cou et du tronc, ont été sensiblement conformes aux précédents, quoiqu’il n’ait pas été possible encore de marquer très nettement les limites des deux régions à la surface du cerveau.

Telles sont, dans leurs traits essentiels, les recherchés d’Hermann Munk sur la physiologie de l’écorce cérébrale. Nous ne serions pas complet si nous ne rapportions la réponse que fait Munk à cette question : Où est le siège de l’intelligence ? « L’intelligence, dit-il, a son siège partout dans l’écorce cérébrale et nulle part en particulier ; car elle est la somme et la résultante de toutes les notions venues à la conscience par les impressions sensorielles. Toute lésion corticale atteint l’intelligence, d’autant plus profondément que la lésion est plus étendue, et cela par la perte des idées simples et complexes formées sur les perceptions sensorielles dont le foyer était au point lésé ; le trouble intellectuel sera définitif si les éléments perceptifs sont détruits, et s’il ne reste plus de substance qui puisse redevenir le siège des notions perdues. La cécité, la surdité, la paralysie psychiques, complètes ou incomplètes, entraînent, chacune pour son compte, une certaine détérioration de l’intelligence ; et plus elles s’ajoutent les unes aux autres, plus elles diminuent l’étendue de l’intelligence, plus elles rétrécissent le cercle des notions qui persistent, et mettent obstacle à la formation de nouvelles idées, si bien que tôt ou tard l’animal nous paraît frappé d’imbécillité ».

Nous n’avons pas entendu faire ici l’exposé critique des travaux de Munk, mais un simple compte-rendu. Toutefois, nous ne pouvons nous empêcher de citer en terminant le jugement que portait naguère sur ces travaux un expérimentateur distingué, d’une incontestable compétence en matière de physiologie cérébrale : « Les physiologistes anglais et français qui se sont occupés de la question des localisations, écrivait M. Duret, s’ils ont essayé une excursion dans le domaine des fonctions psychiques du cerveau, ont distrait leurs conceptions de la partie réellement expérimentale de leur œuvre : c’est seulement à la fin de son ouvrage que le professeur Ferrier consacre un chapitre à l’étude des hémisphères au point de vue psychologique. On semble procéder autrement en Allemagne : on croirait qu’on y va chercher l’inspiration dans le domaine des idées dites philosophiques, ou qu’on subit irrésistiblement leur influence… Lorsqu’on parcourt les travaux de Munk, on est frappé de la délicatesse