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ANALYSES.s. corleo. Filosofia universale.

peut pas être même potentiellement la pluralité et le divers : donc la substance est un acte, simple, immuable, intransitif, toujours le même acte, ou elle n’est rien. Elle est un acte substantiel ou substantif. L’un est toujours le même un. Ce qui peut être pluralité et diversité, ce n’est pas une chose diverse par elle-même, ce n’est pas une chose pouvant d’elle-même produire le divers : la pluralité est identique à la collection des unités, et la diversité ne peut résulter que des rapports de nombre, de position entre éléments toujours individuellement identiques et immuables. Le phénomène n’est donc pas un produit de la substance, il n’est que l’ensemble des actes substantifs ou des substances (pages 48, 49, 50, 51). Conformément à la loi d’identité, en même temps que l’idée de substance sont rectifiées celles de puissance, de force, de cause et d’effet. La puissance ne peut appartenir à la substance simple, à l’un indivisible ; celle-ci est un acte constant, tandis que la puissance est identique au pluriel variable, à la somme changeante des unités substantives (pp. 52, 53). De même, il n’y a pas de substance qui ait en elle-même la vertu ou la force de produire des effets. La cause ne peut être qu’un ensemble de substances produisant un seul tout au moment où il le produit : il n’y a pas de causes simples et isolées, mais des concauses qui s’identifient avec leur effet total. L’infini mathématique n’est lui-même pour M. Corleo que l’indéfini, ce qui chasse l’infini du du monde des composés, de l’espace. De ces démonstrations, l’auteur tire des conséquences également désavantageuses au matérialisme et au spiritualisme, ou plutôt à ce qu’il appelle le pseudo-spiritualisme. La loi d’identité lui sert, de plus, à établir une correspondance réelle entre l’idéologie et l’ontologie. « Je dois conclure, dit-il, qu’en dehors de cet ensemble d’éléments substantifs d’où résulte la pensée existent aussi d’autres groupes divers de substances réelles qui contribuent à les changer de mille manières, aucun résultat ne pouvant se changer lui-même en vertu de ses propres éléments, dont chacun est toujours ce qu’il est. Par conséquent, je le répète, l’idéologie est un réelle ontologie intérieure à l’homme, un ensemble d’êtres qui constituent le phénomène variable de la pensée et se rattachent indissolublement à une réelle ontologie extérieure, sans laquelle elle ne pourrait jamais se changer ni se diversifier (p. 68). La mesure de la diversité produite dans la pensée, est, selon l’auteur, la mesure même de la part qui revient à l’objet extérieur sur le changement de la pensée. » Spencer estime aussi qu’il y a adaptation et concordance de plus en plus exacte entre le monde subjectif et le monde objectif, le premier n’étant qu’une forme parallèle du second.

M. Corleo applique la même loi d’identité aux idées d’espace et de temps, d’être réel, d’être possible, d’essence des choses, de contingence et de nécessité, d’absolu logique et d’absolu ontologique. « L’idée d’espace correspond objectivement au monde et aux êtres qui le composent, à leurs relations de contact et à leur substitutibilité. Tout cela est réel, puisque la pluralité et le changement des rapports des corps ne