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CORRESPONDANCE


Note rectificative d’une assertion de Fechner.

M. Fechner vient de faire paraître un nouveau volume intitulé Révision des points principaux de la psychophysique (Revision der Hauptpunkte der Psychophysik, Leipzig, 1883). Comme dans l’ouvrage précédent (In Sachen der Psychophysik), dont il a été ici même rendu compte[1], il daigne s’y occuper longuement de moi, ce dont je le remercie. Il met quelque peu de passion dans sa polémique ; c’est son droit, et je ne lui en veux pas. Il me donne des leçons ; je les accepte de bonne grâce. Mais il m’accuse aussi de faire des citations fausses. Ceci m’a touché vivement, parce que, comme le donne à entendre mon illustre et vénéré adversaire, il y aurait eu de ma part légèreté, presque mauvaise foi. Ce n’est pas qu’il ne puisse m’arriver de commettre un contre-sens. L’allemand est pour moi une langue étrangère, et je ne me flatte pas de toujours le traduire sans faute. De plus, les ouvrages de Fechner ne sont pas faciles à lire. Les Allemands eux-mêmes doivent repasser deux ou trois fois telle de ses phrases avant d’être sûrs de la saisir et n’y réussissent pas toujours[2]. De quoi j’ai eu mainte fois des preuves. Mais la meilleure que je puisse en donner, c’est qu’il lui arrive de ne pas se comprendre lui-même, quand il se relit. Tel est le cas actuel. Je vais l’établir à l’évidence.

Donc, page 300 de son volume, il me consacre un chapitre spécial. Après quelques considérations préliminaires où il loue en moi le physicien et morigène le critique, il reprend une à une les critiques que je lui ai adressées et les réfute. Il débute par celle qu’il regarde avec raison comme fondamentale. Je lui reprochais de ne pas mesurer la sensation au moyen d’une sensation-unité, mais au moyen de l’excitation, et cela par l’intermédiaire d’une formule[3], et je renvoyais à un passage de son In Sachen, que je traduisais plus loin[4].

Fechner commence par dire que je l’ai mal compris et que la citation est fausse (missverstandene und falsch citirte Stelle), qu’il s’est

  1. Revue philosophique, tome V, janvier et février 1878.
  2. Voir ibid., p. 37.
  3. ibid., p. 39.
  4. ibid., p. 60.