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par un grand nombre de rapprochements entre les textes du Yad et ceux du livre de Spinoza, notamment en ce qui concerne la « troisième espèce de connaissance », associée, chez Spinoza, à une sorte de renonciation ou de renaissance qui rappelle le nirvâna de Bouddha ou l’ewige Geburt de Maître Eckhart. Un assez long texte du Yad est imprégné du même esprit. — En somme, la philosophie hébraïque a eu un développement presque isolé. Dans le cours des siècles, elle a produit un penseur géant, qui, mécontent des étroites limites de sa propre nation, a embrassé un plus large horizon.

Maitland. Théorie de la société de Herbert Spencer (1er article). — L’auteur examine dans cet article un seul point de la doctrine de Spencer : « l’État idéal, » tel que le philosophe anglais nous le promet pour un avenir futur et qui consistera dans une parfaite adaptation de l’homme à son milieu. Cette exposition est faite d’après The social Statics et The Data of Ethics et contient une critique très détaillée de l’eudémonisme d’Herbert Spencer et de son rêve d’un âge d’or futur.

Le R. P. Harper (S. J.). Le mot. — Nous avons déjà eu l’occasion de signaler l’ouvrage considérable que le Père Harper est un train de publier sur la philosophie scolastique. Le présent article nous est offert « comme échantillon d’un mode de penser qui, ayant survécu durant la période moderne, s’affirme de nouveau dans le domaine philosophique. » L’auteur s’occupe principalement de la nature du langage et de sa genèse chez l’auteur ; il expose une doctrine qui rattache le langage humain au langage des anges et au langage divin, au Verbe, considéré comme l’archétype infini de tous les mots créés. Cette théorie repose en définitive sur la question des universaux : l’intelligence humaine pense avant tout et essentiellement l’universel. C’est là son objet formel et son acte propre. Les perceptions des sens sont singulières et multiples ; elles sont réunies par un acte du sens commun qui les complète. Voilà ce qui est commun à l’homme et aux animaux dénués de raison ; mais il y a au-dessus l’acte intellectuel qui représente ce même objet (sensible) comme une essence ou une forme spécifique et qui de sa nature est un universel absolu.

Notes et discussions. — Bain : Esprit et corps. Carveth Read : Sur la chose en soi. — Bradley : La pure malveillance existe-t-elle ? — Bosanquet. Notre droit de regarder le mal comme un mystère, — Sidgwick et Adamson : Kant et les mathématiques.

Le Propriétaire-Gérant,
Germer Baillière.