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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Eduard von Hartmann. — Die Religion des geistes (La religion de l’esprit). 1 vol.  in-8o, xii-328 p.. Berlin, Carl Duneker’s Verlag (C. Heymons), 1872.

Les personnes qui croient que la disparition de la religion — ou des religions — n’est qu’une affaire de temps, de quelques années ou générations humaines, ne doivent pas voir sans un profond étonnement la voie où s’engage de plus en plus l’auteur de la Philosophie de l’Inconscient. Cet esprit rarement doué, chez qui la verve n’exclut pas l’érudition, ni l’imagination ne fait tort à la pénétration critique, ne pense pas perdre ses labeurs en recherchant les conditions d’établissement d’une religion qui soit en harmonie avec les bases de la pensée contemporaine. Les lignes fondamentales de sa thèse sont connues des lecteurs de cette Revue[1] ; nous n’y reviendrons donc pas, nous bornant à exposer ce qu’y apporte de nouveau le volume dont le titre est reproduit ci-dessus.

La transcription de quelques lignes de la courte préface mise en tête de la Religion de l’esprit nous édifiera immédiatement, et sur le but poursuivi par l’auteur, et sur l’importance qu’il attache à sa dernière production. « Le titre de ce livre, dit M. de Hartmann, s’explique et se justifie par la dernière partie de ma publication de l’année passée : La conscience religieuse de l’humanité dans les étapes de son développement. Chacun de ces deux volumes forme à soi seul quelque chose de complet et peut être lu indépendamment de l’autre ; toutefois, en tant qu’ils sont l’un à l’égard de l’autre dans la situation respective de la partie historique et de la partie systématique d’une philosophie de la religion, ils forment un tout organique, que je prends la liberté de désigner comme la troisième de mes œuvres principales[2]. — La forme de la tractation n’en reste pas moins phénoménologique dans cette partie systématique, comme c’était le cas pour la partie histori-

  1. Voyez le numéro de mars 1882, article intitulé Les étapes de l’idée religieuse dans l’humanité, pp. 221-255.
  2. « Als mein drittes Hauptwerk. » Les deux premières « œuvres principales » sont la Philosophie de l’Inconscient et la Phénoménologie de la conscience morale.