Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 16.djvu/447

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS


The Journal of mental science.

July 1883.

J. Cleland.Le siège de la conscience. Le but de cet article est de combattre la théorie généralement régnante parmi les physiologistes, sans prétention d’y substituer une autre. À cette théorie on peut adresser deux objections : 1o Elle suppose que tout point du corps nettement discernable doit être joint par un tractus nerveux avec le point du cerveau qui lui correspond ce qu’aucun anatomiste compétent ne voudra admettre. Pour n’en citer qu’un exemple dans la vision, les communications des bâtonnets et des cônes avec la couche ganglionnaire et de celle-ci avec le cerveau sont telles qu’il est impossible qu’il y ait un tractus distinct allant de chaque élément bacillaire au cerveau. 2o Cette théorie ne nous explique pas comment l’enfant apprend à associer les changements qui ont lieu dans la région terminale du cerveau avec ceux qui ont lieu dans les différentes parties de la périphérie.

La théorie courante admet implicitement plutôt qu’explicitement que le siège de la conscience est localisé dans une partie déterminée et invariable de l’encéphale. De là résulte la théorie courante des actions réflexes que l’auteur combat. Dans les expériences si souvent citées de Pflüger, Goltz, etc., sur les grenouilles décapitées qui se montrent capables de produire des mouvements appropriés, on rejette l’intervention de toute conscience et on croit tout expliquer par un simple mécanisme. Pourtant, en réalité, un darwinien serait aussi embarrassé qu’un téléologiste pour expliquer comment se produit ce mouvement approprié que la grenouille, dans l’état sain, a bien rarement l’occasion de produire.

Nous devons mettre la plus grande réserve à attribuer des phénomènes à la pure action réflexe sans intervention de la conscience la physiologie humaine nous en donne des exemples abondants, et l’auteur en cite plusieurs. Chez les oiseaux et mammifères décapités, on n’a cité aucun fait de mouvements défensifs adaptés, lorsque l’on irrite le tronc mais cela ne nous autorise pas à assimiler complètement l’action de la corde spinale chez les animaux supérieurs et chez la grenouille, et, parce qu’elle se montre dépourvue de conscience chez les premiers