Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 16.djvu/567

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
563
MARION. — james mill

la situation longtemps précaire. Il commença par de menus articles dans divers journaux, par des comptes rendus d’ouvrages dans l’Antijacobin Review. Peu d’unité dans ces premières productions : notre critique rend compte des livres qu’il a sous la main, du Système de chimie de son ami Thomson, aussi bien que des Éléments de logique et de philosophie mentale de Belsham. Ce n’est pas une préférence décidée pour un ordre spécial d’études, qui le soutient alors, mais une ambition assez indéterminée et le sentiment général de sa valeur. « Je suis résolu à travailler dur et à vivre dans la pénurie : ce sera un guignon du diable, si un homme apte à tout ne peut pas vivre et se maintenir ici à ce compte-là. » La première proposition importante qui lui vint fut de travailler à la 4e édition de l’Encyclopædia Britannica, qui paraissait alors sous la direction de Miller ; la seconde de collaborer avec le D’Hunter à la réédition d’un livre populaire : Esquisses de la nature (Nature Delineated). Il s’agissait de rajeunir ce grand ouvrage de vulgarisation en conservant le plan et en renouvelant les matières. Mill, appelé à conduire ce travail, prit pour base la fameuse classification des connaisances de Bacon.

Ainsi mis en relation avec les libraires, il ne tarda pas à reprendre son idée d’une nouvelle publication périodique ; l’ayant fait accepter de l’éditeur Baldwin, le voilà à la tête du Journal littéraire, dont il rédive le prospectus et pour lequel il recrute des collaborateurs, principalement parmi ses amis d’Edimburg. C’était un journal hebdomadaire, à 1 shilling le numéro, ayant pour objet « la diffusion des connaissances libérales et utiles, selon un plan plus vaste que tout ce qui avait paru jusque-là en Angleterre. » La matières étaient réparties sous quatre grandes rubriques : Sciences physiques, Littérature, Mœurs et usages, Politique. La première partie, sous la direction de Thomson, devait tenir le public au courant des découvertes ; la seconde comprenait Théologie, Philosophie mentale, Histoire, Biographie, Géographie, Chronologie, Voyages, Critique, Poésie, etc. ; la troisième devait donner, avec une peinture des usages et des amusements nationaux, des dissertations sur les mœurs des autres nations ; à la dernière enfin se rattachaient, outre les questions de Politique générale et de Police, l’Economie politique et la Jurisprudence. La politique quotidienne était exclue.

Mill, qui avait su faire entrer un éditeur dans son dessein, se montra dans la préparation de l’entreprise digne de la confiance qu’il inspirait : ce fut sa première occasion de se révéler homme d’affaires.

Il n’est pas aisé de savoir au juste ce qu’il faut lui attribuer dans cette revue, non plus que dans un autre journal, la Chronique de