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riences elles sont aussi satisfaisantes que celles que l’on institue en physique. C’est le principe même des méthodes que j’ai l’intention d’examiner, pour apprécier leur valeur scientifique : c’est la déduction mathématique des formules que j’essayerai de critiquer, pour porter un jugement sur l’intérêt qu’elles présentent.

Mais, avant d’entrer en matière, je veux dire quelques mots des deux ouvrages qui vont me servir.

Comme je l’ai dit, celui de M. Delbœuf est la réédition des travaux qu’il a déjà publiés sur la psychophysique ; le premier volume[1] comprend l’Étude psychophysique et la Théorie générale de la sensibilité, publiées en 1878 et 1876. Je n’ai point à faire ici l’éloge du penseur si original, du chercheur si heureux que connaissent bien mes lecteurs ; je n’ai point non plus à donner une nouvelle analyse de ses importants mémoires après celle que Léon Dumont leur a consacrée en novembre 1876. Je me contenterai donc de signaler la présence dans ce volume d’une correspondance polémique (six lettres), à propos de la loi de Fechner, échangée dans la Revue scientifique en mars et avril 1875, à la suite d’articles de M. Ribot, entre un anonyme, M. Wundt, et M. Delbœuf.

M. Delbœuf a été autorisé à publier le nom du correspondant anonyme[2], auquel m’attachent des liens assez étroits pour que l’on ne soit point étonné si je partage et si je développe ses idées.

Le second volume[3] que vient de faire paraître notre éminent collaborateur comprend les trois articles parus dans la Revue philosophique et que j’ai rappelés plus haut. Ils n’ont subi que de légères retouches, auxquelles je ne m’arrêterai pas. Comme M. Delbœuf le constate d’ailleurs dans sa courte préface en signalant les deux ouvrages importants parus depuis 1878 sur la psychophysique, celui de Ferdinand-August Müller[4] et le dernier de Fechner, la question en est à très peu près restée au même point, et les articles réédités par le professeur de Liège n’ont certes rien perdu sous le rapport de l’actualité. Ce n’est point là, à dire vrai, un favorable symptôme pour la « jeune science ». Après un premier pas marquant, on

  1. Éléments de psychophysique générale et spéciale, par L. Delbœuf, professeur à l’université de Liège. — (Mesure des sensations de lumière et de fatigue Théorie générale de la sensibilité). Paris, Germer Baillière, 1883, in-16, ix-256 pages.
  2. M. Jules Tannery.
  3. Examen critique de la loi psychophysique, sa base et sa signification, par M. Delbœuf, professeur à l’université de Liège (pour faire suite aux Éléments de psychophysique) ; Hering contre Fechner ; Fechner contre ses adversaires, — Paris, Germer Baillière, 1883, in 16, ix-192 pages.
  4. Das Axiom der Psychophysik, etc. Marburg, 1882, 158 p. C’est une critique faite au point de vue kantien.