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ANALYSES.muhry. Kritik und kurze Darlegung, etc.

ont que détourner notre attention du problème positif de la science pour nous en proposer un autre beaucoup plus indéchiffrable (Unsere Naturerkenntnis, Beiträge, etc., p. 325.) »

Est-ce donc que la tentative du Dr Mühry est complètement stérile et vaine, et que le sentiment qui lui a dicté son livre n’éveille nul écho dans notre pensée ? Je ne dirai pas cela. Matérialistes ou spiritualistes, il n’importe guère au fond, et il n’est pas plus facile de passer de la matière à l’esprit que de l’esprit à la matière. Mais ce qui permet aux uns et aux autres l’étude scientifique des phénomènes de la nature, c’est la certitude, qu’elle soit inductive ou à priori, qu’il y a un ordre dans l’univers, et il n’est interdit à personne de s’abîmer dans la contemplation de cet ordre dont le dernier mot nous échappera toujours. Bien étroite serait la critique qui voudrait désintéresser l’esprit humain de cette contemplation, bien imprudente celle qui se confierait en une explication qui n’explique pas. Propriété ou substance, force nous est d’accepter une donnée toute faite, et quant à l’essence ou au but des choses, connaissons-nous d’autre raison d’être que l’existence même ?

Lucien Arréat.

Dr Götte (Alexandre). — Ueber der ursprung des todes, Hambourg et Leipzig, 1883. Sur l’origine de la mort.

Weismann. — Ueber leben und tod ; léna, 1884, Sur la vie et la mort.

Le premier de ces ouvrages semble avoir été inspiré par un remarquable discours de Weismann, prononcé devant une réunion de naturalistes et de médecins à Salzbourg, le 21 septembre 1881[1].

D’après Weismann, ce sont les circonstances extérieures qui déterminent la durée de la vie des individus, ou mieux, qui mettent en chacun d’eux un ressort d’une certaine force. La durée de la vie est ainsi une pure convenance, Or l’intérêt de l’espèce prime celui de l’individu. Du moment donc que le sort de l’espèce est assuré, les individus ne servent plus de rien leur survivance serait du luxe. Aussi la plupart des organismes meurent-ils immédiatement après avoir donné le jour à leur progéniture.

Cette proposition, Weismann cherche à l’étayer par de nombreux exemples pris dans tous les règnes de la nature. Malheureusement les exceptions à sa règle sont un peu trop nombreuses et trop voyantes : Citons les poissons dont la vie paraît être très longue, et qui pondent tous les ans des millions d’œufs.

La mort, ayant son origine dans le principe de l’utilité et de l’économie, elle n’est pas un attribut primitif de toute chose vivante. En effet, il y a des animaux qui ne meurent pas, par exemple les protozoaires

  1. Ueber die Dauer des Lebens (chez l’auteur, Salzbourg).