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quée. À certains jours, et sans cause bien appréciable, ils sont plus grands qu’à d’autres.

4o Influences qui agissent sur la durée du temps de réaction pris dans ces conditions.

Chez quelques individus on remarque une très grande lenteur des réactions. Ainsi, sur les 36 étudiants expérimentés, il en était deux chez lesquels le temps de réaction donnait presque toujours un chiffre trop fort et dépassant 25 centièmes de seconde. Au contraire, chez tous leurs camarades il y avait plutôt une tendance à une diminution du temps de réaction et à un chiffre trop faible, comme on peut le voir d’après ce que j’ai dit des expériences nulles. Chez ces deux étudiants, il m’a été impossible de rattacher cette lenteur des réactions à une disposition individuelle quelconque.

L’état de santé a une influence considérable sur le temps de réaction. Je citerai comme exemple une série d’expériences faites sur moi-même le 24 juillet. Sans être indisposé, j’étais cependant mal à mon aise. Dans une première série d’expériences faites le matin, le temps d’expectation étant de 182 centièmes de seconde, trois fois le mouvement-signal se fit avant la deuxième impression visuelle ; les quatorze autres fois le le temps de réaction fut en moyenne de 37 centièmes de seconde (minimum, 34 ; maximum, 42). Jamais dans aucune autre expérience, ce minimum de 34 n’avait été atteint.

L’après-midi du même jour une nouvelle série d’expériences me donna : minimum, 15 ; maximum, 29,5. L’influence retardatrice existait donc encore, mais diminuée. Deux heures plus tard, j’obtins, dans une dernière série d’expériences, les chiffres suivants : minimum, 11 ; maximum, 21. Il y avait donc retour à l’état normal.

II. SUGGESTION A 172 JOURS D’INTERVALLE.

Le 14 juillet 1884, l’après-midi, après avoir mis Mlle A… E… en état de sommeil hypnotique, je lui fais la suggestion suivante (je transcris la note prise sur mon cahier d’observations) :

« Le 1er janvier 1885, à dix heures du matin, vous me verrez ; je viendrai vous souhaiter la bonne année ; puis après vous l’avoir souhaitée, je disparaîtrai. »

Le 1er janvier 1885 j’étais à Paris. (Mlle A… E… habite Nancy). Je n’avais parlé à personne de cette suggestion.

Voici ce que le jour même elle raconta à une de ses amies, et ce qu’elle me dit plus tard, ainsi qu’au Dr Liébault et à d’autres personnes. Le 1er janvier, à dix heures du matin, elle se trouvait dans sa chambre quand elle entendit frapper à sa porte. Après avoir dit : « ouvrez », elle me vit entrer à sa grande surprise et lui souhaiter de vive voix la bonne année. Je repartis presque aussitôt et, quoiqu’elle