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CH. FÉRÉ. — sensation et mouvement

l’œil qui perçoit les couleurs. On peut donc dire que toute excitation périphérique détermine une augmentation d’énergie potentielle.

Ce qui se passe en somme à la suite d’une excitation quelconque, que cette excitation résulte d’une action physique ou d’une action chimique, c’est une transformation de force, une modification de la forme du mouvement. Nous avons pu voir qu’en particulier pour les sensations de la vue et de l’ouïe on peut établir une relation entre la quantité d’excitation et la quantité de réaction, l’énergie du mouvement déterminé donnant en quelque sorte la mesure des vibrations initiales. L’organisme humain, si compliqué, a donc réagi en somme comme un corps quelconque sous l’influence des agents extérieurs, il ne s’est produit que des transformations, dont un grand nombre, il est vrai, échappent à l’analyse. Le mouvement produit n’est pas l’effet total de l’excitation ; une part de force s’accumule dans les centres nerveux et c’est cette

[Image à insérer]

Fig. 16. — Polarisation de l’orangé. (Le tracé se lit de gauche à droite.)

part qui donne lieu aux faits de mémoire, etc. Cette transformation du mouvement que l’on voit se produire chez les organismes les plus simples qui réagissent aux excitations par un changement de forme appréciable, constitue en somme la fonction essentielle des éléments du système nerveux. Qu’il s’agisse du réflexe le plus simple ou de l’opération psychique la plus compliquée, tout se résume en dernière analyse dans une transformation dynamique que l’on peut toujours mettre en évidence par l’étude des résidus moteurs qui survivent au travail cérébral.

Le corps humain se comporte comme toute masse de matière quelconque qui transforme et transmet le mouvement communiqué avec des variations en rapport avec la constitution moléculaire. Or, cette constitution moléculaire varie sans cesse en raison du mouvement de déssasimilation ; il en est donc de même de la forme de ses vibrations propres. Chaque individu et chaque partie de l’individu réagit suivant son énergie spécifique. Cette variation individuelle nous explique comment chaque sujet peut transformer différemment un mouvement communiqué, comment il peut réagir d’une façon différente à la même excitation suivant les circonstances. Certains sujets réagissent avec une prépondérance marquée aux excitations olfactives, d’autres aux excitations auditives, etc. Il n’est pas nécessaire de recourir à la théorie de la périgénèse des plastidules et des vibrations plastidulaires, pour expliquer ces différences, l’observation directe suffit.