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LA CONSCIENCE ET L’INCONSCIENCE

CHEZ L’ENFANT DE TROIS À SEPT ANS


I

Je n’ai pas à examiner ici les hypothèses des philosophes touchant la nature de la conscience et ses rapports avec l’inconscience. La conscience est-elle un attribut spécial à la matière organisée et vivante, ou commun à tous ses éléments et à tous ses agrégats, à l’atome, à la cellule, au cristal, au végétal, comme à l’animal et à l’homme ? Est-elle, chez ces derniers, quelque chose de surajouté à l’état proprement nerveux ? L’état psychique est-il complet sans cet hypothétique épiphénomène ? En un mot, l’inconscient est-il simplement « un état psychique qui, étant quelquefois, et même le plus souvent, accompagné de conscience, ou l’ayant été à l’origine, ne l’est pas actuellement ? [1] » Est-il vrai que « l’esprit ne fait pas de sauts », et qu’il y a toujours entre deux états conscients une chaîne plus ou moins longue d’états intermédiaires qui se déroule à notre insu ? Je ne me flatte pas d’apporter le moindre rayon de lumière dans ces questions où l’observation expérimentale n’a pas encore pénétré. Je me bornerai, sans prétendre rien expliquer, à étudier dans la période de trois ans à sept ans, quelques relations faciles à observer entre la vie consciente et la vie inconsciente de l’esprit. Je crois, d’ailleurs, qu’on a trop exagéré, non l’importance, mais la quantité des faits inconscients qui se mêlent à la trame ininterrompue, assure-t-on, des faits conscients. Quoique d’une durée inférieure à celle de ces derniers, leur production n’en exige pas moins un temps assez considérable, ce qui nous autorise à croire que leur nombre est moindre qu’on ne l’a supposé.

II

Plus va l’enfant, plus il acquiert d’idées aptes à se reproduire avec ou sans conscience. Le plus grand nombre d’entre elles lui

  1. Th. Ribot, Les maladies de la personnalité, p. 13.