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OBSERVATIONS ET DOCUMENTS


DE LA

MULTIPLICITÉ DES ÉTATS DE CONSCIENCE

CHEZ UN HYSTÉRO-ÉPILEPTIQUE
Par MM. BOURRU, professeur, et BUROT, agrégé, à l’École de médecine navale de Rochefort.

V…, âgé de vingt-deux ans, né à Paris, passe la plus grande partie de son enfance à Luisant, près de Chartres. Maltraité par sa mère, vagabond, il est arrêté et envoyé par jugement dans une maison de correction, à la colonie de Saint-Urbain. Occupé plusieurs années de travaux agricoles, il reçoit en même temps l’instruction primaire dont il profite très bien, car il est fort intelligent.

Un jour, comme il ramassait des sarments, une vipère s’enroule autour de son bras gauche ; la frayeur le jette dans une série d’attaques convulsives hystéro-épileptiques, qui le mènent progressivement à la paraplégie. Cet état ne permettant pas sans doute de le garder à l’établissement de Saint-Urbain, il fut transporté à l’asile de Bonneval, le 23 mars 1880. Là, en raison de sa paraplégie, on le place à l’atelier des tailleurs. Au bout de deux mois, après une grande attaque, la paraplégie disparut ; en même temps il avait oublié à coudre et son caractère s’était transformé. (Obs. de M. Camuset.)

À dix-huit ans, c’est-à-dire en 1881, V… fut renvoyé de l’asile ; revenu d’abord à Chartres, il fut ensuite placé comme ouvrier chez un propriétaire de vignobles près de Mâcon. Bientôt retombé malade, il fut soigné à l’hôpital de Mâcon, puis envoyé à l’asile de Bourg. Plus tard, rentré de nouveau à l’hôpital de Mâcon, il vint enfin à Paris où il passa successivement par différents services, notamment à Sainte-Anne et à Bicêtre.

Échappé de Bicêtre, le 2 janvier 1885, après avoir passé plusieurs semaines à Paris, il s’engage dans l’infanterie de marine et est dirigé sur Rochefort dans les derniers jours de janvier.