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HÉRICOURT. — la graphologie

librement la lumière, sans aucune surcharge de traits inutiles. Un esprit simple et modeste se reconnaît à l’égalité en hauteur de presque tous les traits ; tandis que le charlatan, qui s’annonce au loin par des gestes à grande envergure, enfle aussi ses majuscules à les en faire éclater.

C’est une remarque vulgaire, que les faux bonshommes ont coutume de terminer leurs phrases de manière à être mal entendus, sans doute parce qu’ils trouvent gênant de compléter et de préciser leurs opinions : ils ne terminent pas non plus leurs mots quand ils écrivent, et ceux-ci s’achèvent en des traits ondulés indéchiffrables. Les gens francs et ouverts finissent, au contraire, leurs mots par des lettres plutôt grossissantes, en vertu du caractère général de leur geste, qui tient à s’affirmer.

Ceux dont on dit, au figuré, qu’ils mettent les points sur les I, ne manquent point à les mettre dans leur écriture, cela va de soi, et n’omettent aucun détail graphique.

Nous ne pouvons pas terminer sans dire un mot des paraphes, qui constituent assurément le côté le plus intéressant de l’écriture. Pour la même raison qui fait qu’on se laisse aller volontiers à parler de ses qualités, et même parfois de ses menus défauts, il semble qu’aussitôt après qu’on vient d’écrire comment on se nomme, on éprouve le besoin de dire comment on est ; peut-être aussi cède-t-on à cette conviction instinctive que, si le nom peut être imité, personne ne sera capable de simuler le paraphe ; et il semble qu’on sente vaguement, en le faisant, qu’il représente la personnalité même, et en est une caractéristique difficilement imitable. Le plus curieux est que cela est vrai dans une certaine mesure.

Notre intention n’est pas d’énumérer toutes les façons de signer, depuis celle sans paraphe des gens simples et distingués qui n’éprouvent à aucun degré le besoin de dire comment ils sont, jusqu’au paraphe entortillé et compliqué à dessein des esprits tortueux et des gens trop habiles. Il en est un seulement sur lequel nous nous arrêterons, parce qu’il est bien représentatif du mouvement et du sentiment dont il émane : c’est celui qui consiste, soit en un trait qui ramène la plume de droite à gauche et plus ou moins de haut en bas, soit en un mouvement en sens inverse qui prolonge le nom vers la droite d’un trait plus ou moins incurvé ; soit enfin en une combinaison des deux précédents mouvements, la plume, après être descendue de droite à gauche, remontant vivement vers la droite.

Le trait sinistrogyre et descendant a été donné comme le signe des gens énergiques dans la défense ; le trait dextrogyre et ascendant comme celui de l’aptitude à l’attaque. Nous inclinerions fortement,