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Cette grandiose hypothèse, qui recule indéfiniment les limites de l’univers matériel, ne trouve pas grâce aux yeux de M. Faye. L’analyse spectrale a, d’une part, prouvé qu’un grand nombre de nébuleuses sont essentiellement différentes des étoiles comme constitution, et qu’on ne doit pas, par conséquent, espérer de jamais les résoudre ; ces nébuleuses proprement dites sont formées uniquement de gaz en incandescence, tandis que toutes les étoiles renferment des poussières solides en suspension, Quant aux amas d’étoiles qu’on appelle encore parfois improprement nébuleuses, il est tout aussi plausible de croire que ce sont des groupements particuliers à l’intérieur du système général de la voie lactée.

Je crois avoir suffisamment parlé du système de Laplace, et je ne m’arrête pas à diverses critiques de détail que lui adresse M. Faye. Il est clair que ce système tombe immédiatement en présence du fait aujourd’hui reconnu du mouvement rétrograde des satellites d’Uranus et de Neptune, puisque le point de départ de Laplace était précisément l’identité du sens pour tous les mouvements du système solaire, les comètes étant mises à part.

Je remarque toutefois que M. Faye cherche à laver notre grand astronome du reproche d’athéisme et soutient que le mot célèbre sur Dieu traité d’hypothèse, n’est qu’une exagération des très justes critiques dirigées par Laplace contre l’hypothèse de Newton sur l’intervention répétée du Créateur dans la création.

J’ai à aborder maintenant l’exposition du système particulier à M. Faye ; est-il nécessaire d’insister sur ce point que mon analyse ne pourra aucunement suppléer à la lecture de son livre ? Je ne saurais trop dire, en tout cas, que sa clarté tout à fait exceptionnelle, la simplicité des notions scientifiques qu’il suppose, et la variété des enseignements qu’on y trouve, mettent cet ouvrage au nombre de ceux qui sont les plus propres à figurer dans une bibliothèque philosophique.

Dans son ensemble et comme grandes lignes, le système de M. Faye peut être conçu comme une heureuse combinaison des idées de Descartes et de Laplace.

Notre monde solaire est représenté comme constituant à l’origine une masse sphérique, de densité uniforme et très faible, animée d’un mouvement tourbillonnaire très lent. Dans un pareil amas, l’attraction par rapport au centre n’est nullement inversement proportionnelle au carré des distances au centre, mais bien, au contraire, proportionnelle à la simple distance, et d’autre part, les vitesses vont en croissant vers le centre.

En même temps que la masse sphérique tend à s’aplatir, une partie des matériaux se dispose naturellement en anneaux plats circulant

    tème ayant la forme d’un disque irrégulier, vers les parties centrales duquel nous nous tronverions, et dont la voie lactée serait la perspective suivant la tranche.