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LES PHÉNOMÈNES AFFECTIFS

AU POINT DE VUE DE LA PSYCHOLOGIE GÉNÉRALE

(Fin[1]).

VI. La constitution du caractère.

Le caractère de l’homme est principalement indiqué par ses actes. Par eux en effet, mieux que par les sentiments et autres phénomènes psychiques, on peut juger de la vraie nature d’une personne. Nous en avons vu la raison plus haut. C’est que souvent les actes sont déterminés par les tendances les plus profondes, les plus fortes, les mieux organisées, tandis que les tendances plus faibles et moins systématisées s’éclairent d’une conscience plus vive ; elles donnent le change à l’individu qui s’observe intérieurement sur son propre caractère ; elles se manifestent par des phénomènes plus faciles à déterminer, en général, que des actes, par des paroles, par exemple, et ainsi elles contribuent aussi à tromper les autres personnes qui sont souvent disposées à attribuer aux mots prononcés plus d’importance qu’ils n’en ont en général pour la signification du caractère. Ainsi la vraie nature de l’homme est donnée par les caractères que prennent chez lui les actes, les manifestations de l’activité motrice. Cependant il convient de reconnaître aussi l’importance relative des phénomènes psychiques et des processus qui les accompagnent. D’abord il arrive souvent que les sentiments et l’action sont en complète harmonie, et ainsi la conscience nous éclairant alors sur les tendances physiologiques fortes peut servir à les étudier comme nous l’avons indiqué plus haut, de même que ces signes, plus immédiats que des actes compliqués, comme la parole. Nous sommes donc amenés tout d’abord à reconnaître la grande importance des phénomènes conscients et surtout des phénomènes affectifs pour l’étude du caractère. Il ne faudrait pas croire cependant que les phénomènes intellectuels doivent être mis à l’écart. En général on sépare l’intelligence et le caractère. Cet analyse, bien que répondant en gros, et à de certains égards, à la réalité, n’a nullement une

  1. iVoir le numéro précédent de la Revue.