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ANALYSES.frohschammer Die Philosophie, etc.

tasie) le principe du monde, est déjà connu, au moins dans ses traits principaux, des lecteurs de cette Revue par les articles qui lui ont été consacrés (tome V, p. 198 ; tome XVI, 219 ; tome XVI, p. 316).

On a pu voir aussi comment M. Frohschammer prétend rattacher sa doctrine à celle des plus grands philosophes anciens et modernes. L’écrit dont nous avons à rendre compte aujourd’hui, est une simple introduction à la philosophie. Le but est de déterminer l’idée elle-même de la philosophie, de montrer sous ses faces principales quel est son véritable objet, si elle est ou n’est pas une science, questions préjudicielles sur lesquelles on ne paraît pas s’accorder dans les diverses écoles.

L’auteur soutient que, même au point de vue de la science moderne, il n’y a pas lieu de changer l’acception ancienne. La philosophie a le droit de se maintenir dans la manière traditionnelle dont elle a été conçue et définie par Aristote et qu’ont admise après lui tous les vrais philosophes. En face de ce qu’on appelle les sciences exactes et positives, elle ne doit pas renoncer à être elle-même, se restreindre, comme on le voudrait, à une existence étroite, mesquine, appauvrie. Elle doit continuer à vivre, comme elle a toujours vécu, telle qu’elle est représentée avec son vrai rôle de science générale et universelle dans toute son histoire. Elle ne saurait en particulier se résigner, ainsi qu’on le lui propose, à n’être qu’une simple théorie de la connaissance ou la science du savoir. Prétendre que le caractère scientifique ne convient qu’à cette branche de la philosophie, le refuser aux autres, est une opinion fausse et insoutenable. D’autre part, la forme systématique est et sera toujours celle de la philosophie. Il y a plus, un système philosophique est une explication de l’univers qui doit sortir d’un principe unique.

Tels sont les points principaux de la thèse que l’auteur entreprend de démontrer. Elle n’a rien de neuf, on le voit ; mais les développements qu’il lui donne ne sont pas sans offrir un véritable intérêt. Ils ne peuvent malheureusement entrer dans une analyse. Pour donner une idée des matières traitées dans cet écrit, il suffit d’en retracer le programme.

I. L’objet de la philosophie en général et la philosophie comme science de la connaissance. II. La philosophie comme science de la vérité dans le sens de son idéalité. III. La philosophie comme explication de l’univers d’après un principe unique. L’unité de la science philosophique. IV. Le caractère scientifique de la philosophie comme science idéale et système. V. Le système de la philosophie. VI. La vérité éternelle comme fondement de l’existence rationnelle et idéale et de la pensée.

La science aujourd’hui se partage en plusieurs groupes : les sciences qui ont pour objet la nature et les sciences de l’esprit. Dans les deux domaines plusieurs sciences se sont formées qui répondent à des objets particuliers de recherche et qui les étudient spécialement et en détail.