choses, et par une recrudescence à peu près parallèle de la criminalité.
Mais ce n’est pas seulement sous ces formes que se manifeste l’impuissance à la lutte. J’ai essayé ailleurs de montrer comment le pessimisme se trouve lié à l’épuisement[1] ; la statistique du pessimisme est d’ailleurs impossible et on ne peut pas comparer directement ses progrès à ceux de la criminalité et des autres formes de dégénérescence. Cependant il est une manifestation objective du pessimisme qui se prête au calcul : c’est le suicide. Or l’augmentation progressive du nombre des suicides est un fait bien établi[2] ; il est surtout fréquent chez les criminels et les aliénés ; mais il croît plus vite encore que la criminalité et l’aliénation. M. Tarde a bien montré qu’en somme, contrairement à ce qu’ont dit MM. Ferri et Morselli, le suicide et l’homicide vont de pair ; et même se suivent suivant les saisons et les âges.
Il n’y a pas lieu d’être surpris de voir que le nombre des divorces et des séparations de corps[3] s’accroisse de concert avec celui des suicides, et conséquemment avec celui des dégénérescences et des malfaisances de tout ordre. Les malformés, les dégénérés, les impotents de tout ordre, condamnés à la souffrance par les vices de leur organisation, sont les conséquences nécessaires de leurs antécédents et de leur milieu qui favorise aussi le développement du pessimisme et du suicide ; rien de surprenant à ce que les conditions qui donnent naissance à des individus qui sont incapables de supporter leur propre sort, produisent une autre catégorie d’antisociaux incapables de s’adapter à une association quelconque. D’ailleurs on a remarqué depuis longtemps que les aliénés se cherchent et se trouvent ; il n’est pas rare de trouver dans les familles de névropathes des exemples de sélection dégénérative[4] ; il n’est pas douteux que le vice et le crime donnent souvent lieu à des accouplements du même genre et tendant naturellement à la destruction.
Aux faits précédents qui semblent trahir une impotence progressive de la race coïncidant avec une augmentation de la recherche des jouissances, on peut ajouter l’augmentation progressive de la
- ↑ Revue philosophique, juillet 1886. — Sensation et mouvement, in-18, 1887, p. 129.
- ↑ A. Bournet. — De la criminalité comparée en France et en Italie, th. de Lyon, 1884.
- ↑ Bertillon, Étude démographique sur le divorce et la séparation de corps (Ann. de démographie, 1882).
- ↑ M. Sėglas en a cité d’intéressants exemples (Ann. méd. psych. 1887, t. V, p. 171).