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Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 24.djvu/483

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BINET.la vie psychique des micro-organismes

plus parfaits que les précédents. Ce sont les Hemiophrys. Ils sont munis à la fois de tentacules suceurs et de tentacules préhenseurs. Ces derniers sont de longs filaments que l’animal lance comme un lazzo autour de sa victime, pour l’envelopper et la rendre immobile tandis qu’avec ses appareils de succion il s’en nourrit.

Les Acinétiens exercent-ils un choix de préférence parmi les Infusoires qui viennent se heurter à leur tentacules ? M. Maupas, qui a fait une étude spéciale de ces êtres, avait d’abord admis ce choix de préférence. Puis il a rejeté cette idée. « En 1885, nous écrit-il, je trouve une explication toute nouvelle en ce qui concerne l’impunité avec laquelle le Coleps hirtus peut aller se heurter aux terribles suçoirs du Podophrys fixa. La carapace solide dont ce petit Infusoire est revêtu lui sert de cuirasse et le préserve du contact mortel des Acinétiens. Il n’y a donc pas chez ces derniers dédain des Coleps, mais incapacité de les saisir, incapacité résultant d’une structure particulière de l’enveloppe tégumentaire des Coleps. Les Paramécies qui échappent également sont aussi pourvues d’un tégument assez résistant, qui leur sert de protection dans ce cas. La Stylonichia histrio, comme toutes les Stylonichiées d’ailleurs, a une enveloppe tégumentaire très molle. Aussi sont-elles saisies et dévorées sans peine par les Acinétiens. La connaissance détaillée des différences de structure dans les enveloppes tégumentaires m’a fait abandonner l’idée d’une préférence ou d’un dédain dans le choix des victimes qui servent à la nourriture des Acinétiens. Ceux-ci accrochent au passage les proies qu’ils peuvent et non pas celles qu’ils veulent. »

La préhension des aliments, chez un grand nombre d’espèces, est précédée d’un autre stade, la recherche des aliments et leur capture, quand il s’agit de proie vivante. Nous n’étudierons pas ce stade chez tous les Protozoaires, mais spécialement chez les Infusoires ciliés. Leurs mœurs sont curieuses à étudier. Si l’on porte sous la lentille du microscope une goutte d’eau contenant des Infusoires ciliés, on aperçoit des êtres qui nagent avec rapidité et parcourent en tous sens le milieu liquide où ils se trouvent. Leurs mouvements ne sont point des mouvements simples ; l’Infusoire se dirige en nageant ; il évite les obstacles ; il s’y prend à plusieurs fois pour les contourner ; son mouvement paraît approprié à un but, le plus souvent à la recherche de la nourriture ; il s’approche de certaines particules en suspension dans le liquide, il les palpe avec ses cils, puis s’en éloigne, puis y revient, décrivant un voyage en zigzag avec des allures analogues à celles des poissons enfermés dans les aquariums : cette dernière comparaison vient naturellement à la pensée. Bref, le