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Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 24.djvu/593

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BINET.vie psychique des micro-organismes

Remarquons encore que ces modifications ne se produisent jamais, que l’on sache, en dehors de l’accouplement et avant que les Infusoires soient conjugués. La conjugaison paraît se produire toutes les fois que ces animaux, sous l’influence de circonstances particulièrement favorables, se sont multipliés d’une manière active par fissiparité. On voit alors la fissiparité s’arrêter et la conjugaison apparaître.

Nous n’avons point le temps de tracer l’historique, si intéressant pourtant, de cette grande question de physiologie. Il nous suffira de résumer l’état actuel de nos connaissances, en prenant pour guide l’opinion actuelle de M. Balbiani, qui, comme on le sait, est le premier naturaliste qui ait étudié les phénomènes matériels de la fécondation chez les Infusoires. Les divergences qui existent entre lui et, un autre auteur considérable, M. Bütschli, ne portent actuellement que sur des questions de détail.

Examinons d’abord quelles sont les modifications qui se produisent chez le Chilodon cucullulus pendant la conjugaison. Chacun des deux Infusoires accolés possède un noyau (endoplaste, noyau principal) et, à côté de ce noyau, un organe beaucoup plus petit, un nucléole, ou noyau d’attente, ou encore noyau latent (endoplastule, noyau accessoire) ; ce petit corps ne doit pas être confondu avec le nucléole que l’on rencontre souvent dans l’intérieur du noyau, chez beaucoup de Micro-organismes et dans les cellules ; il a une fonction absolument différente.

De ces deux éléments, il en est un qui joue dans la fécondation un rôle à peu près négatif : c’est le noyau. Il prend des contours irréguliers, se chiffonne, son contenu se ramasse en fragments de diverses grosseurs ; il devient de moins en moins net et finit par se résorber. Il disparaît donc par un phénomène de régression et sans se diviser.

La fécondation a pour but de remplacer cet élément vieilli par un noyau de nouvelle formation. Ce dernier se forme aux dépens du petit corps que nous avons décrit sous le nom de noyau d’attente ou de noyau latent. Ce noyau d’attente ne sert pas à constituer un noyau principal dans la cellule dont il fait partie ; il émigre dans le corps de l’autre animal et c’est dans cette nouvelle cellule qu’il est destiné à fonctionner comme noyau.

Chez le Chilodon cucullulus, le noyau d’attente se divise en deux capsules striées, jamais davantage ; ces deux capsules deviennent de grandeur inégale ; la plus grosse atteint jusqu’à 40 millièmes de millimètre ; c’est elle qui constitue le noyau nouveau du Chilodon. La seconde capsule se rapetisse et se condense, elle vient se placer à côté de la première et constitue le nouveau noyau d’attente.