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Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 24.djvu/668

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progrès (p. XI). Le relatif vient de l’absolu et il va à l’absolu par un double mouvement de l’infini à zéro et de zéro à l’infini, dont nous verrons la forme partout la même dans la réalité (p. XV). La matière n’est que la pensée en formation, naissant à l’être, depuis l’origine du relatif dans l’absolu, et réciproquement (p. 15). L’être prendra fin en rentrant dans l’absolu, repos et vérité totale (p. 20). Un néant inconnu seul paraît offrir les conditions que nous demandons à l’absolu, l’indifférent suprême et cependant cause première. Mais on ne comprendrait pas l’être venant de notre néant fictif et retournant à ce néant ; le néant de l’absolu est tout autre, il n’est pas notre vide que nous appelons néant, il est un néant où tout existe, en puissance, à l’état Dieu inconnu de nous. L’absolu est l’absence ou le néant du relatif, le relatif est le néant d’absolu ; hors cela, le mot néant n’a pas de sens (p. 56). La fin dernière du relatif est dans l’absolu ; elle ne saurait nous intéresser immédiatement, puisque notre individu, ni l’humanité, ne l’atteindront pas. Mais ce terme, ce but éloigné, marque la direction que suit le relatif et que suit l’humanité, par conséquent… le mouvement vers l’absolu, toujours dans le même sens, est ce que nous appelons Progrès ; le Bien est le pas fait dans ce sens ; le Progrès, c’est-à-dire la pratique du Bien, est la condition de l’existence du relatif, de l’être, de l’homme (p. 207). »

Voilà ce que nous pouvons dire de cet ouvrage qui, nous devons l’avouer, déconcerte toutes nos habitudes d’esprit. Les philosophes en général sont empiriques ou métaphysiciens. Les empiriques appuient leurs théories sur des expériences, les métaphysiciens déduisent les leurs des principes de la raison, mais dans les deux cas tous font usage de raisonnements et s’appuient sur quelque chose. L’auteur du livre dont nous parlons ne fait rien de pareil. Vous ne trouverez pas vingt donc » dans ses deux cents pages. Il n’expérimente ni ne raisonne, il médite, il contemple et il expose la suite de ses réflexions. Son livre est éminemment subjectif, aussi excelle-t-il à rendre des impressions personnelles et vécues (p. 3), mais cela explique aussi que ces méditations trop personnelles ne subjuguent pas l’esprit du lecteur qui même éprouve à y pénétrer une telle difficulté qu’elle équivaut presque à une impuissance. Quant à porter la conviction dans les esprits, il est trop clair qu’on ne peut y arriver quand on se met hors de leur portée.

G. F.

E. Braun.La logique de l’absolu, in-18, 198 p.. Paris, Perrin, 1887.

Nous ne saurions mieux faire connaître le contenu de ce petit livre qu’en reproduisant à peu près littéralement la table des matières qui le résume très exactement. L’auteur commence par établir que « le mouvement philosophique actuel est caractérisé par la tentative de