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Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 33.djvu/300

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vues exposées par Léon XIII dans la bulle Æterni Patris. À Tournai, à Namur, à Louvain ont paru des ouvrages qui, acceptés par la majorité des lecteurs belges, ont été, dans les pays voisins, contribuer à la diffusion du thomisme. Je me bornerai à citer le Saint Bonaventure d’Evangelista, le Cours d’apologétique chrétienne de Devivier, le Socialisme considéré au point de vue du droit naturel de Halleux, où les doctrines socialistes sont combattues au nom du catholicisme. Mais il faut appeler l’attention sur le Cours de philosophie du jésuite Castelein, qui examine à la lumière des théories scolastiques, les récents résultats des sciences et confirme par les découvertes physiologiques les assertions scolastiques. Bien plus manifeste encore est la tendance à invoquer les sciences en faveur des thèses thomistes dans le dernier ouvrage de Van Weddingen[1] destiné à orienter le lecteur dans l’étude de la doctrine péripatéticienne, complétée par les grands scolastiques et les maîtres modernes. L’auteur déduit le principe de la cause efficiente et finale, à la façon de Biran, des actes conscients et de la réflexion ; il signale l’accord de saint Thomas et de M. Fouillée sur la tendance primitive ou innée des êtres. Quand M. Berthelot propose d’appeler la philosophie la « science idéale », il ne fait selon lui que rappeler en langage contemporain les préceptes d’Aristote, d’Albert le Grand, de Thomas d’Aquin et de Roger Bacon. MM. Ribot et Rabier, Janet et Wundt, Delbœuf et Tannery, Liard et Pasteur, bien d’autres encore parmi ceux qu’on sait le plus étrangers à la scolastique, sont appelés à témoigner en faveur du nouveau thomisme. Ces dispositions à rendre justice, même aux adversaires, dénotent un penseur qui assiste au triomphe de ses doctrines et se fait fort conciliant pour ne pas le compromettre. En fait Van Weddingen a eu une influence considérable sur la rénovation thomiste en Belgique. Aumônier de la cour, auteur de l’Apologétique chrétienne qui, traduite par l’évêque Gialdini, est classique à l’Université grégorienne, de travaux sur l’idée du surnaturel, sur saint Anselme et saint Thomas, Van Weddingen fut désigné par Léon XIII pour enseigner la philosophie à l’Université de Louvain. Sans accepter cette situation qui l’eût obligé à résigner ses fonctions à la cour, il donna, avec le professeur Dupont, avec les jésuites et dominicains Lépidi, Dummermuth et de San, avec Mgr Mercier, un puissant essor aux études scolastiques. Aussi a-t-on pu établir à Louvain un Institut supérieur de philosophie. Des cours scientifiques, portant sur les sciences mathématiques et physiques, sont rattachés à l’enseignement de la cosmologie ; à la philosophie de la morale et du droit seront jointes les sciences sociales ; à la psychologie, les sciences biologiques ; à la critériologie, l’histoire de la philosophie grecque et arabe, Déjà Mivart y est chargé d’une conférence sur la philosophie naturelle qui doit servir d’introduction à la cosmologie, à la psychologie et à la

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