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Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 33.djvu/304

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revue philosophique

Revues dont le contenu est surtout littéraire et le but apologétique ou pédagogique[1].

La lecture des Annales de philosophie chrétienne[2] suffit à qui veut Comparer ce qui se fait en France à ce qui a été réalisé en Allemagne et en Belgique. Ses collaborateurs ou ses amis sont des laïques et des clercs, des membres du clergé séculier et du clergé régulier, des professeurs des lycées et des facultés de l’État, comme des professeurs à l’Institut catholique et des adversaires de l’Université[3], des savants et des éclectiques[4]. On y publie les Encycliques pontificales, les comptes rendus des Congrès catholiques et des réunions de la Société de Saint-Thomas d’Aquin, des Commentaires sur la Somme, des articles qui traitent de l’histoire de la philosophie, du thomisme dogmatique et de son accord avec les sciences ou des arguments qu’il fournit contre les doctrines contemporaines. On rend compte des livres qui rentrent dans l’une de ces diverses catégories. Fréquemment on fait l’éloge du moyen âge[5].

Parmi les travaux qui ont pour objet spécial le thomisme, il faut citer en première ligne celui de l’abbé Blanc, dont le Traité de philosophie scolastique[6] réussit, a dit un de ceux qui l’ont signalé au public, à présenter les théories de l’école avec autant de fidélité qu’elles auraient pu l’être en latin. On réédite les Œuvres d’Albert le Grande[7] pour lesquelles Pohle regrette avec raison qu’on n’ait pas revisé avec soin l’édition de Lyon ; on traduit de l’espagnol les Éléments de droit naturel de Rodriguez de Cepeda, où les principes de la philosophie chrétienne sont employés à résoudre les questions sociales. M. Domet de Vorges

  1. Voyez L’Église et l’enfance ouvrière, par l’abbé Secrétan, précédé d’une lettre de Mgr Freppel Claudio Jannet, Le socialisme d’État et la réforme, sociale. On citerait plus de dix Revues ou Journaux qui se proposent de recruter des adhérents dans toutes les classes, pour le catholicisme thomiste.
  2. Paris, Roger et Chernoviz.
  3. « Nous n’aimons guère l’Université de France, instrument de la tyrannie intellectuelle de l’État (février 1890, p. 517).
  4. « Quelques-uns des survivants de l’éclectisme fraternisent avec nos amis et se font nos défenseurs contre l’inondation croissante du positivisme » (novembre 1887 p. 182).
  5. « Ce fut, dit l’un des collaborateurs, un temps de science, de spéculation, d’étude et d’éloquence… où l’on voit le développement de la philosophie, son accord incontesté avec la théologie, la liberté absolue des opinions théologiques, la discussion passionnée sur des questions profondes… On trouva plus d’intérêt dans les problèmes de métaphysique et de logique que Démosthène et Cicéron n’en avaient eu à prononcer leurs célèbres discours… Le moyen âge (est une) époque de création, d’initiative, de progrès et de liberté, l’âge d’or des facultés libres, des professeurs libres, des dialecticiens profonds, des mystiques savants… On traitait toutes les sciences profanes et sacrées avec une liberté plus réglée, une passion plus désintéressée que ne le font maintenant nos petits maîtres d’école. » (Juillet 1889, pp. 308-309.) « La Providence, dit aussi M. Charles Huit, a tout prodigué au xiiie siècle, grandeur, talent, génie, sainteté. »
  6. Lyon, Vitte et Pérussel : vol.  I, Logique et Métaphysique générale ; II, Cosmologie et Psychologie ; III, Théodicée et Morale.
  7. Vives, 6 vol.  in-4o.