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Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 33.djvu/421

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REVUE GÉNÉRALE. — le spiritisme contemporain

d’un format plus modeste sous le nom de Lotus bleu, représente l’école des théosophes ; l’Initiation dévoile l’occultisme des mages.

Les livres publiés par les spirites dans ces dernières années sont si nombreux qu’il est impossible de les avoir parcourus tous et que nous ne pouvons même en faire ici l’énumération. On trouvera les principaux d’entre eux annoncés dans le compte rendu du congrès spirite[1] et dans les catalogues de deux librairies à peu près spécialement destinées à ces publications : la Librairie spirite, rue Chabanais, 1, et la librairie G. Carré, boulevard Saint-Germain, 112. Ces ouvrages sont écrits sous toutes les formes : tantôt ce sont des récits, des romans, des dialogues, des poésies, le plus souvent malheureusement ce sont de longues et vagues élucubrations métaphysiques. L’ouvrage de M. Nus, À la recherche des destinées, est l’un des plus intéressants, car il contient sous une forme claire et vive un résumé de la plupart des autres doctrines ; quoique l’auteur ne dissimule pas ses préférences, il sait, quand il le faut absolument, faire des réserves et sourire même quelquefois. Les spirites font paraître aussi beaucoup de traductions et de nouvelles éditions d’œuvres anciennes, par exemple l’ouvrage de sir Alfred Russell Wallace, Les miracles et le moderne spiritualisme, traduit en français. Une librairie allemande publie par souscription une traduction des œuvres d’Allan Kardec et elle commence par la traduction « Du ciel et de l’enfer ». Nous sommes surpris de ce choix ; c’est le plus sot et le plus ennuyeux des ouvrages spirites, qui donnera une triste idée de l’esprit français. Il faut surtout citer l’ouvrage de M. A. Pioda ; c’est la traduction en italien des ouvrages les plus importants publiés par des savants de haute valeur sur les phénomènes physiques du spiritisme. Il contient la collection complète et que l’on se procurerait difficilement ailleurs des articles et des traités de Crookes sur les mouvements provoqués à distance ; il contient, en outre, les travaux de Thury, le célèbre physicien de Genève, qui reprit et confirma en partie les expériences de Gasparin sur le soulèvement des tables sans contact ; les autres fragments nous semblent avoir moins d’importance, mais il faut avoir lu ces morceaux célèbres pour parler sensément de ces questions et nous devons savoir gré à M. Pioda d’avoir réuni en un volume ces classiques du spiritisme. Signalons aussi à l’attention des lecteurs la conférence de M. E. Jung : Hypnotisme et spiritisme, les faits positifs, les faits présumés, Genève, 1890, et dans le livre de M. le Dr Edmond Dupouy, Moyen âge médical, un chapitre curieux sur le spiritisme ; Paris, 1890.

Enfin, le mouvement spirite s’est dernièrement manifesté d’une façon assez remarquable. Pendant l’Exposition de 1889, les spirites de toutes les écoles ont organisé un grand congrès qui s’est tenu du 9 au 16 septembre dans la salle du Grand Orient, et qui ne comptait pas moins de 40 000 adhérents. Sans doute, les différents membres du con-

  1. Congrès spirite, etc., 29.