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Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 33.djvu/600

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de conscience les rendent tantôt plus passifs, tantôt plus actifs, tantôt plus excitateurs, tantôt plus dépressifs, de même, physiologiquement, il y a dans tous les mouvements cérébraux et nerveux des effets essentiellement sensoriels et moteurs, et accidentellement excitateurs ou inhibiteurs.

Nous pouvons conclure, avec M. Bastian, que les phénomènes de la volition ne sont pas l’œuvre d’une faculté spéciale, d’une mystérieuse entité, d’une volonté comme être séparé ; nous pensons-aussi qu’ils ne sont pas accomplis dans des centres spécifiquement moteurs ; nous accordons même qu’ils sont « une simple transcription en action de l’intellect » et de ses idées ; mais, dans l’intellect et dans les idées nous reconnaissons la réaction appétitive, qui, du côté physiologique, est une restitution de mouvement transformé par l’organisme, non une réception passive d’impressions externes. Au point de vue de la psychologie, une idée est un système de sensations et d’appétitions à l’état naissant, c’est une direction plus ou moins consciente que prend la vie sensitive et appétitive, c’est comme un courant mental ; d’autre part, au point de vue physiologique, l’idée a constamment pour expression au dehors une direction que prennent les vibrations cérébrales, un courant cérébral qui en est la réalisation plus ou moins complète. Aussi peut-on dire que tout état de la conscience et de la pensée est doublement actif et objectif : 1o en ce que, par ses conditions cérébrales, il tend à produire un effet réel dans le monde des objets extérieurs, ou, pour mieux dire, en ce qu’il y produit nécessairement un effet quelconque, un mouvement ou arrêt de mouvement, soit visible au dehors, soit invisible et intestin ; 2o en ce que ce même état de conscience est toujours pour nous représentatif de quelque objet, toujours extériorisé et projeté dans un monde réel, jamais conçu comme isolé dans un moi sans fenêtres et sans action sur le dehors. Toute image qui est seule dans l’esprit implique donc un mouvement réel au dehors et est projetée au dehors : il y a réalisation de l’image et croyance à sa réalité.

Au point de vue physiologique, la force des idées ne consiste pas dans une action qu’elles exerceraient mécaniquement, mais dans la loi nécessaire qui unit tout état de conscience distinct, toute « idée » au sens cartésien, à un mouvement conforme, lequel, s’il n’est pas empêché, réalise l’idée au dehors. Nous ne croyons donc pas que l’idée de tirer « un coup de pistolet », par exemple, agisse sur le cerveau comme le doigt agit sur la détente. Nous ne saurions non plus accorder l’influence prétendue « indéniable de la partie mentale des phénomènes psycho-physiologiques sur leur partie phy-