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ne sait pas si c’est telle couleur ou tel son ; au troisième moment on a conscience de la couleur, pour une impression visuelle par exemple, et enfin la distinction des formes et la localisation ne viennent qu’à des moments postérieurs.

Les meilleures démonstrations et preuves de cette loi sont données par la psychométrie, qui permet de mesurer la durée de la réaction faite après tel ou tel autre stade de la perception. Les expériences de psychométrie ont été faites avec un chronographe et un diapason donnant 100 vibrations par seconde.

L’auteur commence par étudier les réactions simples qu’on distingue ordinairement en réactions motrices et réactions sensorielles. Après avoir donné un tableau de ces deux genres de réactions, il explique pourquoi les réactions motrices sont plus courtes que les réactions sensorielles dans les premières, le sujet réagit dès qu’il sent qu’une excitation a eu lieu sans savoir encore la qualité de la sensation ; au contraire, dans les dernières, le sujet ne réagit que quand il a reconnu la qualité ou l’espèce de la sensation.

Cette explication diffère de celle de Ludwig Lange, qui voit dans la réaction motrice une certaine innervation préliminaire des centres moteurs l’auteur considère cette innervation motrice comme inutile, la seule condition nécessaire serait, d’après lui, d’être prêt à réagir à toute excitation qui peut avoir lieu sans se préoccuper de sa nature. Pour le démontrer, l’auteur a fait des séries d’expériences sur les réactions à des excitations d’ordres différents qui changeaient irrégulièrement, le sujet ne sachant pas d’avance la qualité de l’excitation ; les résultats concordent remarquablement avec ceux où le sujet savait d’avance la qualité de l’excitation dans toutes ces expériences, le sujet ne portait pas une attention spéciale sur le mouvement à produire, mais sur l’attente d’une excitation, sans se préoccuper de la nature de cette excitation. En portant son attention sur le mouvement à produire on est conduit à ne pas se préoccuper de la qualité de l’excitation, on réalise donc les conditions précédentes ; c’est pour cette raison que L. Lange et les autres arrivaient à des résultats identiques avec ceux de N. Lange, mais, d’après ce dernier, ils ne voyaient pas la cause principale qui influe sur la différence de durée des deux genres de réactions.

Münsterberg a distingué les réactions en motrices et sensorielles même pour les temps de discernement et de choix ; il suppose que dans les réactions motrices on fait des actes de discernement et de choix inconsciemment ; dans les réactions sensorielles, au contraire, ces actes sont conscients. L’auteur considère cette explication comme fausse d’après lui la différence trouvée par Mùnsterberg provient de ce que dans le premier cas on réagit quand le discernement est, pour ainsi dire, ébauché ; dans le second cas, au contraire, on ne réagit que lorsque l’acte de discernement est terminé.

Après avoir examiné la question des réactions motrices et senso-