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ANALYSES. — a. bolliger. Die Willensfreiheit


repose sur des équivoques, sa théorie de la douleur est contraire à l’expérience. A vrai dire, on ne peut démontrer le pessimisme ; la valeur de la vie ne peut être déterminée que par la vie elle-même, et il y a dans la négation de Schopenhauer un fonds de mysticisme. Nietzsche est le destructeur du pessimisme ; il accepte la vie absolument, et c’est là le principe de toute son œuvre. De là vient même sa négation de la morale, dans laquelle il voit un obstacle à la réalisation plus complète de la vie, à la création des valeurs, à la constitution de la personnalité. Son immoralisme a été mal compris, le surhomme est l’idéal de l’humanité.

8o Présent et avenir de la philosophie.

La philosophie présente est dominée, en ce qui regarde les sciences de la nature, par l’idée du retour à Kant, en ce qui regarde les sciences de la civilisatiun (Kulturwissenschaften~ par celle du retour à //e(/e<. Et il faut chercher la philosophie actuelle dans l’œuvre des savants, comme Helmholtz et Hertz, plus encore que dans celle des p/t~o.sopAes de profession. L’p.Yp~cat :’0)i que ces savants pratiquent n’est pas l’empiri.,3me pur d’Avenarius, analogue à l’impressionnisme esthétique ; elle tient compte, suivant la tradition de Galilée, des lois qui règlent l’expérience. La p/n/osop/ne de <’auentr aura pour tâche l’unification des sciences, leur retour à la philosophie. Quant à la philosophie envisagée comme forme de la vie, elle attend le philosophe qui découvrira les nouvelles valeurs. Beaucoup voient ce philosophe dans Nietzsche, mais il a manqué à Nietzsche le sens /tMtortque. Ici encore, il faut chercher la philosophie même en dehors des philosophes, surtout chez Gœthe, et nous accoutumer à mettre la personnalité au premier rang des valeurs, en voyant avec Gœthe que la personnalité se réalise et s’achève en se mettant au service d’autrui, ce qui permet de réconcilier le collectivisme actuel avec l’aristocratisme de Nietzsche. Bref, la philosophie apparaît « comme l’une des forces spirituelles de la vie de l’humanité, l’une des puissances créatrices de la civilisation a. (P. 258.)

J. SEGOND.


Dr  Adolf Bolliger. — Die Willensfreiheit. Eine neue Antwort auf eine alte Frage. — Berlin, Reimer, 1903, in-8 de iv-125 p.

Dans une partie négative, l’auteur expose et critique, d’une façon bien hâtive et superficielle, la théorie déterministe tant en elle-même que dans ses conséquences pour la morale. Sur tous tes points, sa conclusion consiste à « faire sa part » au déterminisme. Il y a du déterminé dans la vie humaine, mais tout n’y est pas déterminé ; les faits ne s’accordent pas plus avec la thèse déterministe qu’avec la thèse adverse ; il ne faut pas dire que les preuves du déterminisme sont insuffisantes, mais qu’en réalité il n’en apporte aucune. H serait