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mouvements circulaires. » On imaginera, par exemple, comme firent les Grecs, que la planète décrit un cercle autour d’un centre qui décrit lui-même en sens contraire un cercle autour du soleil, et cela rendra suffisamment compte des faits observés. Un Képler, A ce moment-là, voudra comme tout le monde exprimer les lois du mouvement par rapport aux cercles composants et non à la courbe résultante ; la loi des aires et celle du carré des temps auront alors une forme telle que si un Newton se présente il ne découvrira pas la gravitation universelle.

D’où proviennent tous ces événements, juste méfiance excitée dans le public contre la valeur de la science, ou bien obstacles mis en travers des progrès de la science ? Us proviennent de ce qu’on a prétendu changer les faits naturels qui sont en faits mathématiques qui ne sont pas. Y. a faussement traduit ses observations, bien qu’il soit un savant honnête capable de démentir ses affirmations quand il croit s’être trompé. Or s’il avait voulu il n’aurait pas eu besoin de se démentir. Reprenons en effet les trois principales étapes de ses variations. Sa planète d’abord décrit une orbite circulaire de rayon 1000. Peut-être, mais Y. n’en savait rien. Ses instruments étaient grossiers et ne lui permettaient pas d’apprécier les distances célestes à plus de 5 p. 100 en plus ou en moins. Celles-ci se trouvaient donc toutes comprises entre 1050 et 950, ou, si l’on veut, la planète circulait entre deux cercles de rayons respectifs 1 050 et 930. Mais la bande ainsi délimitée comprend une infinité de cercles, une infinité d’ellipses, et une infinité de courbes qui ne sont ni des ellipses ni des cercles. Deuxième étape « la planète, dit Y. parcourt une ellipse de grand axe 1030 et de petit axe 970 ». C’est faux. Il convient de rectifier ainsi « l’approximation des distances est devenue de 1 p. 100 et le chemin de la planète est bordé par deux ellipses dont les axes sont pour l’une 960 et 1 020, pour l’autre 980 et 1 040 ». Mais entre les deux, s’il n’y a plus place pour des cercles, on trouvera autant d’ellipses régulières ou non que l’on voudra. Enfin, à la troisième étape, nous remplacerons les dires de Y. par ceux-ci « l’approximation est devenue de 0,1 p. 100. Ceci posé, les observations nous montrent que la planète se meut entre deux ellipses irrégulières dont les axes sont respectivement 972 et 1024 pour l’une, 974 et 1 026 pour l’autre. » Dans cet intervalle il lui est loisible de faire des festons ou de ne pas en faire.

Ainsi l’observation montrait que la planète vaguait quelque part sur une bande annulaire, et elle permettait, grâce au progrès de la technique, de rétrécir peu à peu cette bande sans que les traces de