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entre des groupes de phénomènes concomitants qui auraient été imposés par l’extérieur. Les éléments internes correspondants et contigus formeront des groupes qui se graveront peu à peu par l’effet de la superposition, et par cet effet ils s’imprimeront d’une façon durable.

Après cela, doit-on se demander quel est le rôle de l’interne ? La question est aux trois quarts résolue. Ce rôle consiste d’abord matériellement dans l’enregistration à type de superposition, terme qui convenait parfaitement à la comparaison établie tantôt mais qui maintenant a besoin d’être éclairé. Dans les centres un élément impressionné par un phénomène extérieur répond à la même provocation par la même réponse ; les choses se passent comme si une provocation identique, chaque fois qu’elle se produit, superpose son effet sur le même élément intérieur. Une fois que l’enregistrement a été imprimé assez pour garder l’empreinte, il devient inutile de dire que l’impression se superpose, mais simplement que l’élément interne est en état de fournir réponse exacte et entière au phénomène éducateur externe toutes les fois que celui-ci nous excite à nouveau ; du reste l’élément interne était déjà dans cet état dès la première provocation, mais l’enregistrement n’eût peut-être pas été durable. Comment se fait-il que ce soit toujours cet élément et non pas un autre qui entre enjeu sous l’effet de la même excitation extérieure ? Si d’autres pouvaient répondre ce serait l’anarchie dès la base. Schématiquement on peut s’imaginer que lorsqu’un élément reproduit la première fois une excitation, il s’effectue un travail matériel par lequel l’élément vierge se modifie ; probablement la cellule vierge acquiert alors dans sa matière plastique des changements de forme qui lui assureront un mode spécifique de vibrations. Plus tard, à la seconde provocation par le même excitant, ce sera la même cellule qui répondra, car, pour toutes les autres, il y aurait un nouveau travail à accomplir ; tandis que la mise en activité d’un élément déjà préparé sera une activité se produisant avec un effort de moins en moins grand. L’inévitable répercussion sensible de ce phénomène doit se traduire par un état sensible qui amplifié aurait les conditions nécessaires pour se répercuter à la conscience comme plaisir, d’autant plus vif qu’il sera plus intense et accompagné d’un sentiment d’effort tendant à s’annuler. Le lecteur apercevra en cela la genèse d’une théorie physiologique de la recon-