Aller au contenu

Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 67.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
192
revue philosophique

ils puissent déduire et extraire eux-mêmes les règles d’une bonne conduite et les preuves évidentes, pour ainsi dire, de la nécessité, de la rationalité, de l’utilité, de la beauté, de la justice et de la vertu... Puisque l’homme agit comme il sent et, en dernière l’analyse, puisqu’il sent comme il pense, il est clair que la morale dépend essentiellement des idées. »

FR. P.


II. – Théorie de la connaissance.

D. Ernest Mach. – LA CONNAISSANCE ET L’ERREUR, traduit par le Docteur Marcel DUFOUR, 1 vol. in-12. Paris, Flammarion, 1908.

Complément et synthèse des travaux célèbres de l’auteur sur l’histoire des sciences et sur l’analyse des sensations, Erkenntniss und Irrtum a paru en 1905, et a été réédité en 1906. La traduction qu’en donne M. le docteur Dufour est très notablement abrégée elle résume ou raccourcit le texte en plusieurs endroits ; elle supprime toutes les notes et les références, qui sont très abondantes dans l’original ; elle laisse enfin de côté (sur le conseil même de M. Mach, nous dit l’auteur) deux chapitres entiers Die Psychologie und 7-atünlichen Entwkelung der Geometrie ; Raum und Geometrie M)m S~aKdpunM der Natur/’orsc/tUTK ;. Le premier de ces chapitres contient des indications sur le rôle des expériences internes en géométrie et sur la méthode intuitive et mécanique de démonstration quj a précédé et qui soutient encore la démonstration conceptuelle des théorèmes ; il est conçu dans l’esprit qui a dicté, en France, les nouveaux programmes d’enseignement géométrique fondé sur le déplacement ; – le second concerne la métagéométrie, envisagée au point de vue du physicien et du physiologiste.

Toutes ces suppressions (surtout celle des notes et des références) modifient beaucoup l’apparence du livre et l’impression générale qu’on en ressent l’édition française a quelque chose de plus vague, de moins réfléchi que l’édition allemande. Peut-être aussi le traducteur n’a-t-il pas toujours assez songé à ce que les mots éveillent dans l’esprit. Ainsi lorsque M. Mach annonce l’intention d’étudier < die eut :e !nen. den Forscher leitenden Motive M. Dufour traduit t les mo~t/’s particuliers qui guident le chercheur Mot à mot, c’est sans doute exact ; mais qui devinera dans une pareille phrase qu’il s’agit de motifs au sens musical, de thèmes de recherches tels par exemple que l’analogie ou l’adaptation ? De même, en lisant cette formule, calquée sur le texte Il faut que l’astronomie moderne se rattache à l’astronomie des anciens on croira naturellement à un conseil, et l’on ne songera probablement pas au sens exact de musses