Page:Ricard - Précis de la mythologie scandinave.djvu/29

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lividité repoussante, et son coup d’œil est farouche et hagard. Quant au loup de Fenris, les dieux eux-mêmes s’étaient chargés de le nourrir, mais il n’y avait qu’un d’entre eux qui eut le courage de lui offrir la nourriture.


L’idée que nous révèle le mythe de Loke est d’une extension très vaste. Loke fait contraste aux autres dieux ; c’est le mal dans toutes ses diverses tendances. Il nous représente la sensualité inhérente aux veines des hommes ; le souffle infecté de l’air ; il se fait reconnaître dans le feu volcanique au centre de la terre ; dans l’océan comme un serpent atroce, dans l’enfer comme l’ombre pâle de la mort. Aussi Loke n’appartient-il pas à une seule branche de la nature ; tout s’est pénétré de lui aussi bien que d’Odin. Dans aucune divinité plus que dans celle-ci on entrevoit que l’idée en est issue de la nature ; seulement il ne faut pas s’arrêter là ; tout ce qu’est Loke dans la nature, il l’est de même dans l’esprit humain ; la finesse mêlée à la perspicacité et à la fausseté ; l’esprit qui touche à la malice et à l’astuce. En effet, le développement de l’essence de Loke est profondément conçu. Au commencement il était intimément