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Page:Ricard - Précis de la mythologie scandinave.djvu/34

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ajoutèrent qu’il n’aurait rien à craindre, puisqu’ils étaient là, prêts à le délivrer au cas qu’il ne réussît pas à s’en défaire lui-même. Le loup répondit : « Tout me persuade que je n’ai rien à espérer de votre part, si je ne puis m’aider moi-même ; cependant pour que vous ne me reprochiez pas d’être lâche, j’y consens, à condition qu’un de vous laissera sa main dans ma gueule en titre de gage. » Les dieux se regardaient ; c’était là un cas embarrassant, personne n’éprouvait l’envie de risquer sa main. Le dieu Tyr s’offrit enfin à fourrer sa main droite dans la gueule du monstre. On chargea l’animal du cordon, mais plus celui-ci s’efforçait de s’en débarrasser, plus il s’entortillait ; plus il se débattait pour s’en défaire, plus il se sentait retenu. Les dieux en rirent aux éclats, Tyr seul ne rit pas, il en fut de la main. Après s’être bien persuadés que le loup était suffisamment enchaîné, les dieux attachèrent le cordon à deux grosses pierres qu’ils enfoncèrent profondément dans la terre. Le loup ouvrit sa gueule béante ; il grinçait les dents, se cabrait et essayait de mordre tous ceux qui venaient à sa portée. Pour y mettre obstacle, on lui passa dans la gueule un glaive, dont la poignée touchait à la mâchoire inférieure, tandis que la pointe perçait la mâchoire