Page:Ricard - Précis de la mythologie scandinave.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les dieux restaient foudroyés d’abord ; nulle main se remua pour relever le dieu trahi ; on se regardait stupéfait et ému d’une exaspération unanime ; mais la sainteté de l’endroit éloigna la moindre pensée de vengeance. Ce n’était qu’en essayant de retrouver la parole que l’assemblée fondit en larmes, et le chagrin profond dont chacun fut frappé, ne se manifestait que de cette manière. Mais c’était Odin surtout qui devait s’affliger du malheur, car personne plus que lui n’était capable de juger de l’extension de la perte qu’ils venaient d’éprouver.

Revenue un peu à elle, Frigg reprit la parole d’abord, annonçant aux dieux que celui d’entre eux qui voudrait aspirer à son amour et à sa grâce, s’en rendrait digne en descendant aux enfers où il retrouverait Balder, et où il offrirait à Hel une rançon pour la délivrance du dieu chéri. Le messager d’Odin, l’intrépide Hermod, offrit de s’acquitter de la mission. On lui donna le coursier fougueux d’Odin qu’il monta, et disparut.

Mais les dieux portèrent le corps inanimé de Balder au bord de la mer, où était le vaisseau du défunt, le plus grand des vaisseaux, nommé Hringhorni. Les dieux voulurent le lancer à la mer, et y préparer le bûcher funèbre, mais le vaisseau