Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 1.djvu/150

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raient si c’était le diable, ou lui, qui les tentait. Le doute cessa : le moine invoquait son bon ange ; Laurette, fatiguée, oubliant de prier, avait fermé les yeux, et, la tête contre le lit, s’était endormie à genoux. Tout-à-coup elle dépouilla ses vêtemens, et se mit sur la paillasse.

Ô mon doux Jésus ! comment permîtes-vous cette détestable ruse du prince des ténèbres ? ne voyez-vous pas que, dans cette posture, Laurette étalait devant le moine les charmes les plus dangereux : des charmes de seize ans, façonnés par l’amour. Le théologien, à cette vue, se troubla de telle sorte, que dans le Credo qu’il récitait, il énonça cinq à six hérésies dignes de la hart ; il omit, ajouta, défigura des articles de foi ; il s’aperçut enfin de ses crimes, et, pour échapper à l’enfer, il ouvrit la porte avec violence, mais la porte venant sur lui, le jeta sur le lit, à côté de Laurette, les deux mains sur des objets que