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larmes auprès des malheureux, et ne mettant à ses bienfaits de bornes que son pouvoir, elle était d’une extrême facilité de caractère. Elle voulait ce qu’on voulait pour elle. Ne concevant point la tromperie, elle ne craignait jamais d’être trompée. Bienveillante pour tous, elle voyait partout de la bienveillance pour elle. C’était la femme de la nature, mais de la bonne nature. Elle eût, comme Ève, cueilli la pomme fatale, non pour déplaire à Dieu, mais pour faire plaisir au serpent ; mais certes, elle n’eût pas incité son amant à faillir.

Elle savait lire et lisait peu. Les livres étaient rares. Le français était alors un jargon détestable et méprisé ; d’ailleurs les habitans du midi l’ignoraient entièrement. La langue romane ou langue d’Oc, leur langue maternelle, était, comme elle l’est encore, pittoresque, abondante et mélodieuse, mais jamais elle ne produisit aucun ouvrage digne