Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 140 )

Pour oublier son père, il pensait à Gabrielle ; il cherchait, en regardant le prix de son crime, à perdre de vue son crime même ; mais souvent, dans sa rêverie amoureuse, il retrouvait le sang paternel jusque sur la bouche de Gabrielle, où ses lèvres allaient déposer le baiser du retour.

Mais quand revenait la nuit sombre, revenaient avec elle tous ses malheurs et tous ses remords. Tantôt elle le surprenait sur les rives déchirées des torrens, et ne lui présentait pour abri que les cavernes ou les rochers battus par les orages ; tantôt elle le surprenait dans les déserts, où ni le bruit d’une source, ni la feuille d’un arbre ne lui permettaient l’espérance d’étancher sa soif ou d’apaiser sa faim impatiente.

Alors il jetait dans l’espace les cris de sa voix désespérée, et rien ne répondait à sa voix. Il invoquait la mort, et n’obtenait que la douleur. Il cherchait