Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/157

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tours de la ville impériale. En saluant de ses cris d’allégresse cette barrière de l’Europe et du christianisme, il lui sembla saluer la patrie ; alors, comme arrivée au terme du voyage, elle s’abandonna à la plus vive joie. Au pied des autels et des madones des rues, dans les tavernes et les lieux moins honnêtes encore, son contentement s’exprima, d’abord, par des cantiques sacrés et des chansons bachiques ; ensuite, par des blasphêmes et des cris de rage. Les Croisés se souvinrent qu’ils étaient sur les terres du schisme, et que la vérité ne doit pas souffrir le mensonge. En conséquence, ils battirent ou tuèrent les habitans ; pillèrent leurs maisons, les livrèrent aux flammes, et, à la lueur de ces feux purificateurs, un moine, ivre de liqueurs et de fanatisme, monta dans un tonneau défoncé, et termina saintement cette bacchanale par le sermon le plus éloquent et le plus orthodoxe. Il