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colique, dans le château de ses pères.

Pendant les premiers jours de l’absence, l’exaltation du fanatisme et la certitude d’un prompt retour, l’empêchèrent de sentir son isolement : elle charmait ses jeunes compagnes du récit anticipé des prouesses de son chevalier ; mais bientôt elle se trouva seule, quoiqu’au milieu d’elles ; et l’espérance du bonheur ne lui déguisa plus son infortune.

Alors, afin de tromper ses ennuis, elle se mit à tresser des couronnes de lauriers et de fleurs, et les suspendit, en mémoire de son amant, aux arbres de Lansac ; elle broda de brillantes écharpes et les donna, pour les lui remettre, aux Croisés partant pour la Palestine. Vaines occupations, charme impuissant ! Sa douleur croissait d’heure en heure, et bientôt elle n’eut plus de forces que pour se plaindre, et de goût que pour la solitude la plus profonde.