Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 61 )

moi-même ! J’ai laissé dans les lieux où vous perdîtes la vie tout ce qui peut lui donner quelque prix. Je suis misérable et mutilé ; je suis plus à plaindre que vous, car je souffre encore… Ne soyez pas impitoyables et laissez-moi mourir en paix.

Une voix descendit du ciel… Jamais !

Tout-à-coup, il vit l’enfer ouvert devant lui. Pour éviter l’abîme, il recule avec impétuosité ; on le repousse avec violence ; il regarde, il voit un spectre. Il le regarde avec frayeur ; il s’élance vers un rocher, et soudain il entend la crecelle d’un lépreux ; il frémit !… et reconnaît sa sœur, la malheureuse Laurette ; et tandis qu’immobile d’étonnement, de douleur et d’effroi, il cherche où porter ses pas, on le frappe rudement sur l’épaule ; il se retourne, c’est encore le spectre ; un vaste linceul blanc l’enveloppe et traîne sur la terre ; suis-moi ! Il dit, et s’éloigne,