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de hâter sa marche ; le vieillard, suivi de valets armés de flambeaux, accourait pour le guider. Quoi ! dit le chevalier au moine, un croisé fidèle irait s’asseoir à la table et boire à la coupe de l’hérétique et du Sarrazin ! Je ne puis traiter en frères ceux que je dois combattre peut-être. Le temps presse, répondit le moine… laissez-vous conduire ; croyez-vous que je regarde en frères ces excommuniés ? Nul serment n’oblige envers eux. Buvez dans la même coupe, et souvenez-vous de Judith. Ils rentrèrent donc ensemble, prirent part au banquet, et burent dans la coupe des Sarrazins, des juifs et des philosophes (a).

  1. (a) C’était l’usage ; quand on voulait témoigner de l’amitié à quelqu’un on mangeait dans la même assiette, on buvait dans le même verre. Ce qui se ressemble le plus, dans des temps différens, ce sont les amans ; ils boivent encore dans le même vase. Ma nièce prétend que le vin que j’oublie dans le mien est meilleur que le sien. (Note du Dominicain.)